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Kilian Jornet : syndicaliste du trail ?

Manu


 
syndicat trail

Tout est parti d’un mail qui devait sans doute rester privé. On parle souvent du groupe Whatsapp qui existerait entre Rafael Nadal, Novak Djokovic et Roger Federer, c’est ce qu’à essayer de créer le traileur catalan : Kilian Jornet soutenu par l’américain Zach Miller. Kilian a envoyé un mail à l’élite des traileurs au sujet de la course qui cristallise tous les sujets : l’UTMB.

Si les articles qui ont fleuri depuis quelques jours ont joué sur le côté sensationnaliste, le mail n’est pas autant à charge que l’on pourrait le penser. Entre les titres des articles et le contenu du mail, il y a un monde mais il faut surtout attirer le lecteur. Avant d’appeler au boycott (et de mettre la pression sur l’UTMB pour ouvrir la discussion), Kilian rappelle au combien cette course a permis l’essor du trail et la professionnalisation de nombreux athlètes.

Comme je n’aime pas réagir dès les premiers commentaires, je préfère murir la situation avant de m’exprimer ou de commenter. Le mail est très intéressant à qui veut bien lire entre les lignes.

L’UTMB

En 20 ans, l’UTMB est devenu la course la plus importante de la planète trail. Les amateurs rêvent de le finir, les professionnels rêvent de le gagner, les jeunes veulent faire une belle place pour se faire repérer… Pour accéder à un statut de professionnel, il faut faire une place dans le top 10.

Tout le monde du trail a validé finalement cet événement, les marques et leurs bras armés : les team de trail. Tout le monde est venu se mesurer au tour du Mont-blanc. La semaine de l’UTMB est devenue, la semaine la plus importante pour le marché du trail. Les marques annoncent leurs nouveautés ou leurs partenariats, les traileurs qui ne participent pas aux courses viennent même pour se montrer et participer à la fête.

L’histoire a séduit les médias avec Marco Olmo qui gagne en 2007 à presque 60 ans ou Kilian Jornet qui gagne en 2008 à seulement 21 ans. Le décor est lui aussi époustouflant : 170 km et 10000 m de dénivelé positif autour de la plus haute montagne d’Europe. les organisateurs ont beaucoup investi dans les images : les photographes sont bien placés, les vidéos prises d’hélicoptère montrent les exploits des traileurs.

L’écologie

Le cheval de bataille de Kilian est sans aucun doute l’écologie. L’arrivée de Dacia pour l’édition 2023 a remué un peu plus l’aspect de cet événement mais l’équation est compliquée : faire venir les meilleurs traileurs du monde (majoritairement en avion), faire passer des milliers de coureurs dans des petits chemins de montagne et prôner la nature, les grands espaces. Si l’organisation fait le maximum pour minimiser l’impact de cet événement, il est difficile d’être neutre en carbone et d’avoir des sponsors irréprochables d’un point de vue écologique.

L’argent

Si tout le monde pense à l’esprit trail, si beaucoup de gens voient l’organisation des trails par le prisme de ces petites associations qui veulent faire découvrir leurs paysages et leurs régions, il faut le reconnaitre : l’argent arrivent progressivement dans ce secteur. Sociétés d’organisation, gros sponsors,… Les sociétés ont besoin de faire des bénéfices ou au moins de ne pas perdre d’argent, elles ont souvent besoin d’équipes à plein temps pour gérer le projet sur l’année.

L’UTMB est dans une cercle vertueux depuis plusieurs années : athlètes performants, courses à suspense, visibilité importante dans les médias, plus de partenariats,… Avec Dacia, l’UTMB réussit un gros coup : sortir du monde du trail, si les autres sponsors sont clairement liés au trail : Hoka, Naak ou Wahoo. Dacia cherche principalement de l’image en associant ses voitures au monde de l’outdoor. On sait également que les budgets marketing des marques automobiles n’ont rien à avoir avec les plus grandes marques de trail.

Même en n’étant pas partenaires de l’UTMB, les marques se doivent de vivre et de faire vivre l’événement. La semaine de l’UTMB est devenue la semaine du marché du trail, les équipementiers qui veulent exister dans le trail se doivent d’être présent. En aout 2023, la débauche de moyen a été considérable entre Nike et ses chalets entièrement décorés pour présenter la nouvelle Ultrafly, adidas qui offre des centaines de chaussures en avant première et cela sans compter les dizaines de lancement de produits.

Et les traileurs professionnels dans tout ça ?

La place des pro

Dans ce mail, la question qui se pose c’est surtout la place des traileurs professionels, clairement les athlètes veulent avoir leur mot à dire et veulent faire changer les mentalités. Dans tous les sports, les syndicats d’athlètes sont présents. La plupart des traileurs sont souvent proches de la nature, conscients du dérèglement climatique et c’est un message qu’ils veulent faire passer à leur communauté. Difficile par la suite de s’associer à un événement qui ne serait pas assez vert.

On pense à la démarche de Xavier Thévenard qui refuse de prendre l’avion pour participer à une course. Kilian travaille aussi également à minimiser son impact en limitant au maximum ses déplacements.

Mais au delà des 10000 euros promis au vainqueur (homme et femme), les athlètes ne veulent sans doute pas être dépendant de la franchise UTMB à l’image de ce qui se passe dans le triathlon avec ironman. Il faut rappeler que la société qui gère ironman a investi dans l’UTMB et elle est en train d’appliquer les recettes qui ont fait le succès des courses de triathlon.

Quelque soit le sport, c’est l’athlète qui doit être au centre des décisions, c’est lui qui dédie sa vie à la préparation de ce type d’événement. Sans athlète performant, les courses perdent de leur saveur. Il est donc légitime que les athlètes prennent une place importante dans l’organisation et les grandes décisions de leur sport.

Au delà de cet appel au boycott, les traileurs doivent se réunir pour créer une sorte de syndicat et avoir leur mot à dire avant qu’il ne soit trop tard.

Un commentaire sur “Kilian Jornet : syndicaliste du trail ?”


Posté par Fonzy Le 11 février 2024 à 11:22

Ceux qui ne veulent pas prendre l’avion ou qui pleurniche pour leur empreinte carbone, n’ont qu’à rester chez eux . Il gagneront comment leur fric ? Qu’on arrête un peu ce wokisme écolo. Tu veux courir, tu veux être pro et vivre de ta passion, alors tu fermes ta gueule et tu acceptes les contraintes liées à ton sport, ou alors tu dégages.

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