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De l’autre côté de la barrière…

frank


 

J’avais promis à un ami de lui rendre service en étant bénévole sur le marathon (et semi) de Lyon ce dimanche. Bien qu’il faille se lever au milieu de la nuit (4h30 pour moi représente plus une heure ou l’on peut se coucher que se lever) et se rendre à Lyon (par principe en tant que Stéphanois, cela constitue toujours une démarche compliquée…) j’ai la volonté de rendre service à mon pote pour son club de triathlon(chaque bénévole inscrit permet au club de recevoir des équipements)  et également de découvrir ce monde des bénévoles sans qui les courses n’existeraient pas.

 

Arrivés vers 6h, nous (j’y suis allé avec un ami, conscient qu’il ne faut quand même pas trop attendre des ressorts de la motivation personnelle) retrouvons le groupe qui sera chargé du secteur « Place des Terraux ». Après avoir récupéré un joli coupe vent Adidas (rien que pour cela, ça valait le coup :-)) et un panier repas (très au dessus de la moyenne des ravitos habituels sur les courses) nous voilà à rubaliser et mettre en place les barrières sur la zone du parcoursqui nous est dévolue. Je découvre ainsi avec étonnement que ce ne sont pas les services techniques de la ville, ou quiquonque autre, à être chargés de cette tache ô combien essentielle. Tout cela se passe dans la bonne humeur si ce n’est quelques pochetrons ou fêtards bien allumés qui viennent nous apostropher et nous démontrer avec plus ou moins d’agressivité que même avec 3g dans le sang il sont tout à fait capable de terminer un marathon. A 8h00 chacun est à son poste. Nous somme dans la rue Edouard Herriot et pour ma part je controle la rue Gentil (c’est surement un bon présage) et mon rôle est de gérer les cisaillements (?? C’est ce qu’il est écrit sur mon badge).

 

Comme le départ est à 9h et que nous sommes aux environs du Km 18, on a 2 heures devant nous avant de voir débouler les premiers coureurs, soit tout à fait le temps de vider consciencieusement le lunch paquet. N’ayant pas pris de petit dej, je m’empiffre des 2 sandwiches SNCF, des compottes, des Kinder, des brioches fourrées, de la barre de céréales et du jus de fruit. Ah ça va mieux!! Je suis prêt pour assurer le service d’ordre dans ma rue et gérer tous les cisaillements à venir Pour passer le temps, on taille la bavette avec mon pote assigné à la rue voisine, je téléphone à mon autre ami posté lui 1 km avant sur le parcours pour qu’il nous prévienne lorsque les premiers coureurs vont arriver. La rue est déserte, et à part faire le guide pour quelques rares touristes matinaux ou désamorcer la mauvaise humeur des gens du quartier qui ne peuvent pas se garer ou sortir leur bagnole, on attend les coureurs accoudés à notre barrière. Notre k-way noir et notre badge « organisation » nous procure une image d’autorité auprès des quelques passants et certains nous demandent ainsi l’autorisation de traverser.

 

Le Lyonnais n’est pas supporter pour un sou et l’on voit bien que les riverains subissent plus cette épreuve qu’ils en apprécient l’animation. Nous sommes dans un quartier « bourgeois « on comprend que les manifestations populaires comme celle ci, ce n’est pas le divertissement préféré des riverains. Le « métier » de bénévole (tout au moins sur cette course) semble ressembler plus à celui de policier municipal que de controleur de course (commissaire pour les chefs de secteur). D’ailleurs 3 flics de la police municipale nous saluent, comme ils le feraient à des « collègues… ». Vers les 10h débouche le premier coureur, ça doit être un Kenyan (il est noir!). A priori si j’ai bien compris le système des dossards, lui fait le marathon, pourtant il a déjà mis 200m dans la vue au second qui est sur le semi !!!. Jusqu’au 10/15 ème les coureurs ont établi des écarts significatifs entre eux, ensuite le peloton se densifie et durant plus de 20 mn ce n’est qu’une masse de participants qui défilent devant moi. Des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des grands, des petits, certains très sereins et détendus d’autre avec déjà le regard livide et une démarche (certains ne courent plus) hasardeuse. Je suis surpris par cette foule compacte (7000 participants au semi et 1000 au marathon!) et inquiet sur la suite de la course quand je vois l’allure de certains, (notamment ceux inscrits au marathon, sachant qu’ils n’ont pas encore fait la moitié de la course).

 

Progressivement le peloton s’éclaircit, la vitesses de courses des concurrents (quand ils courent) a considérablement diminué. On peut maintenant leur faire profiter de nos encouragements. Ils nous remerciements (quand ils le peuvent encore…) mais leurs regards démontrent bien la  souffrance endurée tout comme leur volonté à continuer. Pour ceux engagés sur le semi, on leur rappelle qu’il ne reste « plus que » 2,5 Km. Pour avoir vécu ces moments là, je sais bien que cela représente encore d’énormes efforts mais c’est aussi tellement appréciable ces encouragements à ne pas laisser tomber. Alors que l’on croit voir les derniers, il se présente de nouveaux coureurs. De moins en moins rapides et de plus en plus bancals, ils trottinent ou marchent mais sont toujours dans la course. Parfois ils se font doubler par des concurrents qui reviennent de l’arrivée.

 

Le quartier s’est un peu animé,c’est la sortie de l’église en face, des scouts vendent leur calendrier, un photographe fait quelque clichés sans doute plus pour illustrer le thème du délabrement physique et moral chez les forçats de la course à pied que pour magnifier le corps humain dans la pratique d’un sport. Aucune voiture n’a cherché à forcer le passage, notre tache à finalement plus été de servir de guide et d’office de renseignements qu’à gérer les fameux cisaillements. A 12h30 après avoir enfin vu passer le dernier concurrent, un vieux monsieur (inscrit sur le matathon) dans un trottinement régulier qui devrait lui permettre d’envisager de franchir la ligne d’arrivée dans les 10 h, si la voiture balai qui le suit, dans un mouvement d’humeur mal controlé, ne l’écrase pas avant afin d’abréger ses souffrances et surtout de rentrere à la maison plus tôt,  on abandonne notre poste.  Cette éxpérience à été très intéressante, cela m’a permis de voir l’ensemble des coureurs à une course de masse (on ne voit que ceux de son niveau quand on participe) et de me rendre compte de la chance que j’ai d’avoir une bonne santé et ainsi un niveau d’entrainement me permettant de prendre du plaisir lors de ces épreuves. Cela ne semble pas le cas de ces poireaux pour qui ce n’est visiblement que souffrance. J’ai aussi vu ce courage et cette détermination qu’ils ont à en terminer sur des distances qui peuvent nous sembler dérisoires si l’on est habitués de longues épreuves. Une belle leçon à retenir quand on découvre jusqu’ou ils peuvent aller chercher des ressources ou de la motivation pour continuer surtout quand parfois sur une douleur ou un coup de moins bien on serait prêt soi même à  abandonner.

 

Je suis content d’avoir découvert le monde des bénévoles, je comprends encore mieux pourquoi sans eux aucune course ne pourrait avoir lieu. J’avais déjà beaucoup de respect pour leur travail, je serais encore plus attentif à eux dorénavant et mes remerciements seront encore plus chaleureux lors de ma prochaine course. Je pense notammentà ceux qui passent parfois la nuit entière dans un col de montagne dans le froid, sous la pluie pour assurer notre sécurité et nous encourager à continuer.

 

Frank

2 commentaires sur “De l’autre côté de la barrière…”


Posté par Thierry Le 17 octobre 2012 à 19:14

Et bien merci à toi !!! Tu as du voir passer un type au sprint avec une peluche dans le dos qui tentait de forcer un chrono pour une raison connue de lui seul alors qu’il était parti à l’aise avec un ami…
L’envers du décor est toujours important à découvrir pour se rendre compte des efforts offerts par l’organisation et pour se contenter de critiques constructives et ne pas sombrer dans la critique facile.

Merci à toi et à tous les autres !!!!!!

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Posté par Xavier c. Le 17 octobre 2012 à 21:32

Très sympa l’article ! Je devais certainement faire partie des zombies qui tentaient de finir laborieusement le semi, j’étais encore sur les bases de 1h35 au 17e et puis trou noir… 1h45 à l’arrivée . En tout cas merci aux bénévoles et je suis d’accord les lyonnais n’en avaient strictement rien a faire de la course !

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