Petit footing tranquille sur mon parcours habituel. Sans pression. C’est écrit sur mon programme : « récupération tranquille ». C’est lundi, c’est normal. Tout va bien. Au bout de vingt minutes, je souffle un peu. J’ai encore les muscles meurtris de la compétition de la veille. Je crache au loin devant moi en plein dans mes pensées. « Quelle épreuve me botterait bien cette année ? » « Est-ce que je dois prendre une deuxième baguette pour ce soir » « Et dire que l’essence a encore augmenté… »
Mais voilà, je n’ai pas fait gaffe au sens du vent. Et il souffle plutôt fort aujourd’hui. Je reçois mon propre crachat dans l’œil. Avec le froid, ça colmate aussitôt. J’essaye d’essuyer tout cela mais j’ai aussi oublié que j’avais des gants aux mains et voilà que je me mets le doigt dans l’eau sans faire exprès… Une femme me regarde au loin. Je cours vers elle pour lui demander de m’aider mais elle a l’air d’avoir saisi le truc et explique à son petit chien : « Viens Titof, il faut qu’on rentre à la maison, il commence à faire froid. Allez dépêche toi, viens ! »
J’imagine qu’avec mon oeil à moitié fermé, je dois faire peur à voir. Pas d’autre solution que de stopper carrément. J’enlève les gants. Je retire ce que je peux du mollard qui a bien durci…Je frotte le reste et je repars aussi sec. Je n’ai pas envie de foutre en l’air tout mon entrainement. Même si c’est de la récup… J’y vais en zigzaguant un peu au début. Comme un fêtard qui rentre chez lui un peu vite, se souvenant tout d’un coup que sa compagne lui avait seulement donné la permission de minuit !
Tout redevient à peu près normal et l’heure est presque finie quand me vient une envie pressante. Le petit besoin. J’enlève mes gants. Je baisse un peu mon collant (c’est hyper pratique d’ailleurs !!) et là je me dis : « Je ne vais pas me faire prendre deux fois, attention au sens du vent ! » Je me colle à un arbre et je pivote donc légèrement sur le côté pour éviter de m’asperger. Et là je vous le donne en mille, je me retrouve nez à nez ou, pour être plus précis, zigounette à œil, avec la dame de tout à l’heure et son petit Titof !!
Je vois son visage se tordre dans une grimace bizarre… Un truc très proche du dégoût absolu !
Elle accélère le pas et crie (cette fois elle crie) à son chien : « Titof au pied. Dépêche toi ! » Et je la vois s’éloigner quasi en petites foulées… presque aussi vite que mon allure de récupération !
Bref je ne me suis pas fait une amie ce lundi là !!