Il est des coureurs dont on se souvient forcément. Non pas parce qu’ils sont volubiles ou qu’ils en imposent, mais bien parce qu’ils ont ce petit supplément d’humanité qui font toute la différence. Qui font aussi que l’on ne les oublie jamais et qu’ils semblent être pile poil au bon endroit au bon moment. Pascal Massou fait sans aucun doute partie de ces gars-là. Rencontre et morceaux choisis
Pascal Massou n’a pas un palmarès gros comme un bottin. Et sans nul doute cela ne sera jamais ainsi puisqu’il a commencé la pratique du trail sur le tard, alors qu’il avait déjà trente ans. Pour 36 aujourd’hui. Par contre ce qui est certain aussi, c’est qu’il a déjà réussi quelques beaux coups, comme on dit, et qu’on se doit de compter encore sur lui pour les années à venir. En effet Pascal ne cesse de progresser et sa carrière ne fait que débuter. Qu’on se le dise ! Pourtant rien ne le prédisposait à devenir le champion qu’il est aujourd’hui. Comme souvent dans ces cas-là, il faut un déclic. Un simple moment pas tout à fait comme les autres pour que tout bascule dans la vie d’hun homme. Pour lui, cela se passera du côté de Saint-Antonin Noble Val dans le Tarn-et-Garonne.
« Je m’en souviendrai toute ma vie » nous explique-t-il encore la voix pleine d’émotion. « Avec ma femme, Annie, nous avons décidé de venir participer au Trail des 3 Rocs. Je ne courrais pas à cette époque, c’était en 2007. Nous avions vu qu’il y avait cette épreuve et comme ce n’était pas trop loin de chez nous, nous nous sommes dits que cela faisait un bon moyen de découvrir cet endroit qui avait l’air si sauvage. Bref nous nous sommes inscrits sur le relais sans trop savoir et véritablement cela a été comme un révélateur pour moi. Je faisais le deuxième relais, le plus long donc, mais j’étais là plus en marcheur qu’autre chose. Aussi de voir ces gars qui me doublaient et qui eux s’étaient enquillés toute la longue distance, cela m’a plu tout de suite. Je me suis dit que c’était pour moi… Ce fut le début. » Et pourtant, rien ne semblait prédisposer Pascal à la pratique du trail. Il a toujours fait du sport mais rien de très proche avec la course à pied. Son truc à lui, jusqu’à la trentaine donc, ce sera le Hapkido (ne pas confondre avec l’Aïkido), un art martial venu de Corée du Sud…ou alors un peu de VTT et quelques footing… « Non franchement je n’étais pas du tout branché course dans ma jeunesse… D’ailleurs il n’y a guère de lien entre le Hapkido et la pratique du trail si ce n’est peut-être une certaine aisance à me positionner dans l’espace et donc peut-être à mieux comprendre mes trajectoires en descente… peut-être… » Et puis l’année d’après, il tentera déjà l’aventure en solo sur le 33 km de Saint-Antonin. Déjà. Mais évidemment l’entrainement ne suit pas. Il tente. Il se cherche. Il tâtonne un peu comme un autodidacte. « J’ai un peu bricolé pendant deux, trois ans et puis je m’y suis mis plus sérieusement. Cela correspondait avec un changement professionnel dans ma vie. J’étais employé dans une société et du côté de Beauville, là où je réside dans le Lot-et-Garonne, un employé communal est parti à la retraite. J’ai sauté sur l’occasion. Le salaire s’en est ressenti mais je gagnais en qualité de vie. Cela n’avait plus rien à voir… Je pouvais m’entrainer près de la maison. J’avais mes parcours d’entrainement à portée de main. »
Avec sa légendaire gentillesse et son large sourire comme signature, il va donc commencer à écluser les plus beaux trails de la région. Il fera deux années sur le challenge des trails du sud-ouest et puis les résultats vont commencer à venir. Il obtiendra quelques belles places dans les plus beaux, telle sa 3ème au long des Citadelles, sa 6ème au long des Templiers, sa 15ème aux Frances de trail aussi, toujours sur le long. Difficile aussi de ne retenir qu’une seule de ses victoires. Il explique. «Evidemment quand j’ai remporté la première fois le trail de Saint-Antonin, je n’y croyais pas moi-même. C’était énorme de gagner là où j’avais débuté. Un peu comme si j’avais bouclé la boucle. Ce fut un plaisir immense, j’en ai pleuré sur la ligne d’arrivée. Mais il y aussi, plus près de nous, la victoire au Patou Trail l’an passé. C’était en relais avec Fred Péré et c’est justement pour cela. Cette victoire a une saveur toute particulière. La saveur du partage, de l’amitié… Cela n’a pas de prix pour moi. Ce fut le plus beau moment de ma carrière à ce jour ! » Depuis aussi Pascal a intégré l’équipe de Patrick Bringer qui lui prodigue ses conseils d’entrainement et puis surtout le team I-Run l’an passé… « Tout s’accélère pour moi, j’en ai bien conscience. J’ai demandé à Patrick de me faire des plans d’entrainement comme il en proposait. Il a accepté. Il s’occupe d’une vingtaine de personnes et cela permet de se regrouper une ou deux fois par an avec des gens très différentes, au niveau très varié aussi. C’est cela qui me plait dans cette activité : pouvoir croiser la route d’autres individus qui ont la même passion que moi et qui ne la vivent pas de la même manière. J’ai sympathisé avec bon nombre d’entre eux et on est toujours en contact en permanence. C’est vraiment génial, je trouve… L’an dernier, I-Run m’a aussi fait confiance. J’avais fait la demande et ils m’ont répondu ok pour tout ce qui est équipement sur l’année. Et désormais pour 2015, je peux aussi annoncer que j’ai signé dans le team Salming Craft. Je n’y crois pas encore. Et dire que l’an passé, pour plaisanter sur les Templiers, on disait avec mes amis qui m’accompagnaient que l’on faisait partie de la No-Team de Beauville en opposition justement à toutes les teams qui étaient hyper bien encadrées… Me voici donc de l’autre côté ! »
Pascal s’entraine six à neuf fois par semaine. Il ne rechigne jamais sur une bonne « dose » d’entrainement et il a même lancé l’an passé avec ses potes de sa commune, le Trail en Pays de Serres, justement du côté de Beauville. Pour voir comment cela fait aussi d’être un peu de l’autre côté de la barrière ! Il a d’ailleurs su insuffler d’entrée tellement d’humanité et de passion dans son épreuve que beaucoup en parle déjà comme l’une des plus belles, voire des plus authentiques… à suivre donc de très près.
Pour l’heure, au moment de regarder un peu plus loin vers l’avenir, notre homme ne cache pas son attrait vers les trails plus longs, les Ultras. C’est son chemin de vie.
« Cela m’a toujours attiré en fait. Pour moi un trail ne se conçoit pas en dessous de 20km. Ce que j’aime avant tout dans cette discipline, c’est la gestion de l’effort, la gestion de l’alimentation… Sur une trentaine de bornes, vous n’avez guère de soucis par rapport à ça. Ensuite c’est un autre monde… Et c’est vrai que je rêve depuis quelques années déjà du Grand Raid de la Réunion. Pour moi c’est la référence ultime. Ma course la plus longue, c’est le 100 km des Templiers. J’ai encore un palier à franchir mais j’ai prévu la Réunion en 2016 et déjà comme entrée en matière, la 6666 Occitane et les 100 miles du sud de la France en 2015. Ce sont des épreuves pas très loin qui vont me permettre de voir ce dont je suis capable sur du très long. J’ai hâte. Jusqu’à maintenant, plus cela a été long et plus je me suis senti bien. Cette année 2015 sera pour moi l’année charnière, vous l’aurez compris. A tous les niveaux. » Les dés sont donc jetés. Pascal Massou a toutes les cartes en main et un bel avenir promis… Il tarde donc de le suivre à nouveau dans ses pérégrinations, même si soyons en certains, il ne se départira jamais de son sourire. Car avant tout, il aime le trail. C’est tout !