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Marathon de Berlin : là où tombent les records du monde

Manu


 

Chaque année fin septembre, des dizaines de milliers de coureurs se donnent rendez-vous à Berlin pour l’un des marathons les plus rapides de la planète. Avec un parcours ultrarapide, une organisation millimétrée, et une ambiance populaire grandissante, le BMW Berlin Marathon est devenu le sanctuaire des records mondiaux.

Parmi les World Marathon Majors, Berlin est celui qui fascine les amateurs de chrono. 12 records du monde y ont été établis depuis 1977, un fait unique. Mais cette course ne se résume pas à la performance : elle raconte aussi l’histoire d’une ville autrefois divisée, aujourd’hui tournée vers l’unité et la célébration.

Marathon de Berlin

Histoire : des débuts modestes à la scène mondiale

Le Marathon de Berlin voit le jour en 1974, dans les rues du bois de la Forêt de Grunewald. Moins de 300 participants prennent le départ. En 1981, il entre pour la première fois dans le centre-ville de Berlin-Ouest, devenant une véritable fête populaire.

Mais le vrai tournant a lieu en 1990, quelques jours après la chute du Mur : pour la première fois, les coureurs traversent la Porte de Brandebourg, symbole de la réunification allemande. Ce moment marque à jamais l’ADN du marathon.

Depuis, l’événement a gagné en ampleur et en prestige, jusqu’à devenir le terrain de jeu préféré des chasseurs de records mondiaux.

Chiffres clés

  • Date de création : 1974
  • Finishers : ~47 000 (édition 2023)
  • Record du monde masculin : 2h00:09 (Eliud Kipchoge, 2022)
  • Record du monde féminin : 2h11:53 (Tigst Assefa, 2023)
  • Parcours : 42,195 km à travers le centre de Berlin
  • Altitude : ~34 m au point le plus élevé

Les records tombés à Berlin

Berlin est le marathon des records. Depuis 2003, chaque nouveau record du monde masculin sur la distance a été établi ici :

  • 1998 : Ronaldo da Costa (BRA), 2h06:05
  • 2003 : Paul Tergat (KEN), 2h04:55
  • 2007, 2008 : Haile Gebrselassie (ETH), dont 2h04:26 puis 2h03:59
  • 2011 : Patrick Makau (KEN), 2h03:38
  • 2013 : Wilson Kipsang (KEN), 2h03:23
  • 2014 : Dennis Kimetto (KEN), 2h02:57
  • 2018 & 2022 : Eliud Kipchoge (KEN), dont 2h01:39 puis 2h00:09

Pour les femmes :

  • 2023 : Tigst Assefa (ETH) pulvérise le record féminin en 2h11:53

Pourquoi Berlin ? Grâce à un parcours plat, une température fraîche (~12°C), des lignes droites interminables et un revêtement de chaussée idéal.

Un parcours ultra-rapide… et symbolique

Le parcours du Marathon de Berlin est unanimement reconnu comme le plus rapide au monde. Son secret ? Un tracé extrêmement plat, large, fluide, avec peu de virages serrés et un revêtement particulièrement roulant. C’est ce qui en fait le terrain idéal pour battre un record personnel… ou un record du monde.

Dès le départ au cœur du Tiergarten, les coureurs s’élancent sur une succession de longues lignes droites à travers les artères emblématiques de Berlin. Le parcours traverse Berlin, de l’ouest à l’est, offrant un mélange subtil de modernité, d’histoire et de diversité architecturale.

Parmi les lieux incontournables :

  • La Colonne de la Victoire (Siegessäule), autour de laquelle le peloton tourne dès les premiers kilomètres
  • Le quartier branché de Kreuzberg, animé et festif
  • Le passage devant l’Alexanderplatz et la célèbre Fernsehturm (tour de télévision)
  • Et surtout, les 500 derniers mètres : l’entrée majestueuse sous la Porte de Brandebourg, symbole de l’unité retrouvée d’une ville autrefois divisée

Cette arrivée unique, aussi solennelle que triomphale, confère au Marathon de Berlin une dimension symbolique rare. Courir à Berlin, c’est fouler l’histoire européenne tout en visant l’excellence chronométrique.

C’est cette double identité — ultra-rapide et profondément symbolique — qui explique pourquoi Berlin est devenu le marathon de référence pour les élites, les passionnés d’histoire et les chasseurs de records du monde entier.

Ambiance et organisation

Le Marathon de Berlin n’a pas la foule de New York, mais il compense par une organisation exemplaire : fluidité logistique, marquage précis tous les kilomètres, ravitaillements bien placés, zones de récupération bien pensées.

Côté ambiance, plus d’un million de spectateurs encouragent les coureurs tout au long du tracé. Groupes de musique, orchestres, tambours, et une montée en puissance jusqu’à la mythique Porte de Brandebourg, théâtre d’une émotion partagée par tous les finishers.

Comment s’inscrire au Marathon de Berlin ?

1. Tirage au sort

Le plus courant : ouvert à l’automne, environ un tiers des inscrits sont tirés au sort.

2. Qualification par temps

Pour les coureurs rapides : par exemple, 2h45 (hommes <44 ans), 3h00 (femmes <44 ans).

3. Inscription via tour-opérateur

Plusieurs agences proposent des dossards avec packs hébergement/transport, notamment depuis la France.

4. Dossard caritatif

Des associations partenaires proposent des dossards en échange de collectes de dons.

Anecdotes et moments forts

  • 1990 : Des milliers de coureurs franchissent la Porte de Brandebourg pour la première fois depuis la réunification. Un moment historique et symbolique.
  • 2018 : Eliud Kipchoge explose le record du monde en 2h01:39, avec une allure quasi métronomique, seul dès le 25e km.
  • 2023 : Tigst Assefa, ancienne coureuse de 800 m, réalise l’un des plus grands exploits de l’histoire en 2h11:53, un bond de deux minutes sur le précédent record.

Le retrait des dossards dans un lieu chargé d’histoire : Tempelhof

Le retrait des dossards du Marathon de Berlin se fait dans un cadre pour le moins exceptionnel : l’ancien aéroport de Berlin-Tempelhof, un lieu emblématique de l’histoire allemande du XXe siècle. Désaffecté depuis 2008, ce gigantesque bâtiment est aujourd’hui reconverti en espace d’événements, et accueille chaque année le Marathon Expo, salon officiel de la course.

Dès l’entrée, on est frappé par l’ampleur du site, ses halls monumentaux et son atmosphère unique mêlant architecture monumentale et mémoire historique. C’est ici que les coureurs récupèrent leur numéro de dossard, leur puce chronométrique, leur sac participant, et peuvent déambuler au sein d’un vaste espace dédié aux marques de running, aux produits nutritionnels et aux stands internationaux. Tout est organisé avec une grande fluidité, même aux heures d’affluence.

Tempelhof, lieu chargé d’émotion, fut autrefois au cœur du pont aérien de Berlin lors du blocus soviétique (1948–49), et son immense tarmac est aujourd’hui un parc urbain ouvert à tous. Y venir pour lancer son marathon, c’est plonger dans un chapitre de l’histoire tout en se projetant vers une épreuve mythique. Un passage incontournable qui fait déjà partie de l’expérience Berlin.

Pourquoi ce marathon attire autant ?

Le Marathon de Berlin attire parce qu’il incarne une rare combinaison entre performance pure, accessibilité logistique et profondeur historique. C’est l’épreuve rêvée pour celles et ceux qui souhaitent aller vite, sans artifices, sur un parcours taillé pour le chrono. Chaque détail du tracé semble pensé pour la régularité : longues lignes droites, dénivelé quasi nul, températures idéales en septembre, revêtement souple… Courir à Berlin, c’est se donner les meilleures chances de battre son record personnel ou de décrocher une qualification prestigieuse comme celle pour Boston.

Mais au-delà des chiffres, Berlin séduit aussi par son atmosphère. Courir dans une ville qui a été au cœur de l’histoire contemporaine, franchir la Porte de Brandebourg en guise de délivrance finale, ressentir l’enthousiasme d’un public dense et respectueux, c’est vivre un moment chargé de sens. L’organisation, parmi les plus fluides et efficaces au monde, rassure les coureurs, tandis que la diversité des nationalités au départ rappelle combien ce marathon est universel.

À la fois lieu de dépassement de soi et carrefour culturel, le Marathon de Berlin reste une expérience à part. Il attire autant pour ce qu’il promet sur le chronomètre que pour ce qu’il offre à la mémoire : une course gravée dans les jambes, mais surtout dans la tête.

Conseils pour réussir Berlin

Réussir le Marathon de Berlin, c’est avant tout savoir tirer parti de ce que le parcours offre : de la régularité, de la fluidité et une atmosphère propice à la concentration. Le danger principal réside souvent dans l’euphorie du départ. Emporté par la foule et les longues lignes droites, on a vite fait de partir trop vite, compromettant ainsi la seconde moitié de course. L’idéal est d’aborder Berlin avec une stratégie bien pensée : viser une allure cible dès le premier kilomètre et s’y tenir, en gardant l’énergie nécessaire pour relancer après le 30e km, lorsque la fatigue s’installe.

Côté préparation, l’accent doit être mis sur le tempo et l’endurance spécifique plutôt que sur les côtes ou les variations d’allure. Berlin ne vous piègera pas par son relief, mais par votre capacité à rester constant. Il est également essentiel d’anticiper l’aspect logistique : la course attire des coureurs du monde entier, et la ville peut être saturée. Réserver son hébergement tôt, prévoir du temps pour le retrait du dossard et organiser ses déplacements vers le départ sont des points clés pour rester serein.

Enfin, il faut garder en tête que Berlin est une fête du running, mais aussi une grande messe chronométrique. S’y présenter bien reposé, avec une nutrition bien calibrée et un mental focalisé, permet non seulement de performer, mais surtout de savourer chaque mètre de ce marathon devenu mythique.

Conclusion : Berlin, l’autoroute du marathon

Avec ses records, son tracé rapide, son organisation exemplaire et sa symbolique forte, le Marathon de Berlin est le rendez-vous incontournable des amateurs de performance et de rigueur.

C’est aussi une course pour les rêveurs : franchir la Porte de Brandebourg après 42,195 km, porté par la foule, est un moment que tout marathonien devrait vivre au moins une fois.

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