Chaque premier dimanche de novembre, plus de 50 000 coureurs envahissent les rues des cinq boroughs de New York. Le Marathon de New York, ou TCS New York City Marathon, est bien plus qu’une épreuve de 42,195 km : c’est une fête planétaire, un défi sportif, un rêve personnel et un moment de communion unique entre coureurs et spectateurs.
Créé en 1970 avec seulement 127 participants, le marathon new-yorkais est aujourd’hui l’un des Six World Marathon Majors et le plus populaire au monde en nombre de finishers. Retour sur une course devenue culte.
Histoire : du petit Central Park au géant mondial
Tout commence en 1970, avec une boucle dans Central Park organisée par Fred Lebow et Vince Chiappetta. 127 coureurs s’élancent, seuls 55 franchiront la ligne. Les frais d’inscription étaient de… 1 $.
En 1976, pour le bicentenaire de l’indépendance américaine, la course s’ouvre à l’ensemble de la ville et traverse les cinq boroughs : Staten Island, Brooklyn, Queens, Bronx et Manhattan. Une révolution.
Fred Lebow incarne l’âme de la course. En 1992, atteint d’un cancer, il court l’épreuve à 60 ans, accompagné de Grete Waitz, icône féminine du marathon. Il décède deux ans plus tard, laissant un héritage unique.

Quelques chiffres clés
- Création : 1970
- Record de finishers : 55 646 en 2024
- Départ : Staten Island, sur le pont Verrazzano
- Temps limite : 8h30
- Édition 2023 : + 120 nationalités représentées
- Coureurs français : 2e nationalité étrangère la plus représentée
Les vainqueurs emblématiques
Le Marathon de New York a vu s’imposer des légendes :
- Grete Waitz 🇳🇴 : 9 victoires entre 1978 et 1988, un record absolu
- Bill Rodgers 🇺🇸 : quadruple vainqueur dans les années 70
- Tegla Loroupe 🇰🇪 : pionnière kényane dans les années 90
- Paula Radcliffe 🇬🇧 : vainqueure en 2004, après son record du monde
- Geoffrey Mutai 🇰🇪 : 2h05:06 en 2011, temps le plus rapide jamais couru à NYC
- Mary Keitany 🇰🇪 : 4 victoires entre 2014 et 2018
Chez les handisports, Kurt Fearnley et Tatyana McFadden ont marqué les esprits avec leurs performances exceptionnelles.
Un parcours iconique
Le parcours du Marathon de New York est à lui seul une odyssée à travers les cinq boroughs de la ville. Il ne s’agit pas d’un tracé conçu pour les records, mais d’un itinéraire mythique qui raconte New York, ses quartiers, sa diversité, sa topographie… et ses défis.
Tout commence sur le pont Verrazzano-Narrows, à Staten Island. Les premiers kilomètres sont silencieux, suspendus au-dessus de l’océan, avec une montée progressive qui chauffe déjà les jambes. Mais à peine les coureurs entrent dans Brooklyn que la ville explose : pancartes, cris, orchestres de rue… L’énergie new-yorkaise vous saute à la gorge.
La traversée de Brooklyn est longue (près de 18 km), ponctuée de quartiers aux atmosphères variées : Bay Ridge, Williamsburg, Bedford-Stuyvesant. Puis vient le passage dans Queens, plus calme mais chargé d’encouragements sincères. C’est ici que s’annonce un moment redouté : le Queensboro Bridge, au 25e km, une montée silencieuse sans public, mais mentalement cruciale.
À la sortie du pont, Manhattan vous accueille avec fracas. La 1st Avenue devient un mur sonore, un tunnel d’enthousiasme qui vous propulse. Après un crochet par le Bronx, court mais chaleureux, vous revenez vers le sud via Harlem, où l’on sent toute la culture new-yorkaise vibrer au rythme des tambours et du gospel.
Les cinq derniers kilomètres sont magiques : Central Park, ses montées et descentes piégeuses, ses virages serrés et… cette ligne d’arrivée tant rêvée, au cœur de Manhattan.
Le profil vallonné du parcours (+250 m de dénivelé environ) exige une bonne gestion de l’effort, mais il offre une expérience incomparable. Chaque kilomètre est une carte postale vivante, une scène de film, un défi physique autant qu’un moment de grâce.
Comment participer ? (inscription et qualification)
Le TCS New York City Marathon est très prisé. Il existe plusieurs façons d’obtenir un dossard :
1. Le tirage au sort
Ouvert chaque début d’année. Moins de 15 % de chances d’être tiré.
2. Le temps qualificatif
Réservé aux coureurs rapides. Ex. : moins de 2h53 pour les hommes 18-34 ans.
3. Le programme « 9+1 »
Réservé aux résidents de New York : 9 courses NYRR + 1 bénévolat.
4. Les tour-opérateurs officiels
Des dossards garantis avec voyage organisé, notamment depuis la France.
5. Les associations caritatives
Collecte de fonds en échange d’un dossard (montants variables selon l’association).
Une ambiance unique au monde
Le Marathon de New York est célèbre pour son ambiance électrique et inégalée. Dès le départ sur le pont Verrazzano, un silence solennel précède la clameur collective, avant que ne résonne l’hymne américain ou la mythique chanson New York, New York de Sinatra. Ce moment donne des frissons à chaque coureur.
Tout au long du parcours, plus d’un million de spectateurs se massent derrière les barrières, pancartes en main, cris dans la gorge. Groupes de gospel à Brooklyn, fanfares improvisées dans le Bronx, DJ sets dans Harlem, encouragements en dizaines de langues… New York devient une scène géante à ciel ouvert. Chaque quartier défend ses couleurs, et les habitants encouragent les coureurs comme s’ils étaient des héros.
Ce qui rend cette ambiance si spéciale, c’est aussi la diversité des soutiens : familles, enfants, anciens coureurs, touristes, bénévoles, policiers, tous partagent la même ferveur. Le coureur est constamment porté, encouragé, soutenu – même dans les moments de doute.
Et quand les jambes flanchent à Central Park, c’est le rugissement du public qui vous ramène à la vie. Cette fusion entre la ville et les coureurs transforme le Marathon de New York en bien plus qu’une course : c’est une célébration populaire, multiculturelle et universelle, gravée à jamais dans la mémoire de ceux qui y participent.
Anecdotes et moments forts
Le Marathon de New York est jalonné d’histoires inoubliables, de drames, de triomphes et d’instants suspendus. Chaque édition apporte son lot de scènes marquantes, renforçant la légende de cette course pas comme les autres.
En 1992, Fred Lebow, fondateur du marathon, atteint d’un cancer du cerveau, boucle les 42,195 km en compagnie de la championne Grete Waitz. Une image bouleversante d’amitié et de résilience, entrée dans la mémoire collective.
En 2001, moins de deux mois après les attentats du 11 septembre, la course est maintenue. Plus qu’un événement sportif, elle devient un symbole de résistance et d’unité, sous haute sécurité. Les coureurs du monde entier défilent avec des drapeaux, des messages de paix et de solidarité.
En 2012, à quelques jours du départ, l’ouragan Sandy ravage New York. Pour la première fois de son histoire, le marathon est annulé. Des centaines de coureurs choisissent pourtant de courir symboliquement dans Central Park ou d’aider les sinistrés dans les quartiers touchés.
En 2014, l’Américain Meb Keflezighi crée la surprise en remportant la course à 38 ans, devenant le premier Américain à s’imposer depuis 1982. Une victoire patriotique, un an après l’attentat de Boston, qui émeut le pays entier.
Enfin, en 2021, l’édition du 50e anniversaire marque le retour du marathon après l’annulation liée à la pandémie. Malgré des quotas réduits, l’émotion est immense : chaque pas est un hommage à la persévérance collective.
Ces moments illustrent la dimension humaine et symbolique du Marathon de New York : plus qu’une course, c’est un reflet de notre époque, de nos épreuves, de nos espoirs — et de notre capacité à avancer, ensemble.
Pourquoi ce marathon fascine autant ?
Le Marathon de New York fascine parce qu’il dépasse la simple performance sportive. Courir à New York, c’est entrer dans une légende vivante. L’ampleur de l’événement, l’histoire de la course, la diversité des participants et la ferveur du public créent une expérience immersive et émotionnelle unique.
Contrairement à d’autres marathons où l’objectif est souvent purement chronométrique, ici l’important est de vivre l’instant, de vibrer à chaque kilomètre, de traverser cinq quartiers aussi différents qu’accueillants, sous les acclamations d’un million de spectateurs.
C’est aussi un rêve logistique maîtrisé : organisation millimétrée, sécurité optimale, accueil chaleureux, et une ville qui s’arrête pour ses coureurs. La traversée du Queensboro Bridge, la clameur de la 1st Avenue, l’arrivée dans Central Park… sont autant de moments gravés dans la mémoire de ceux qui ont eu la chance de le vivre.
Enfin, cette course attire car elle représente un accomplissement personnel : obtenir un dossard, se préparer pendant des mois, surmonter les montées, et franchir cette ligne d’arrivée mythique à Central Park — tout cela fait du Marathon de New York le marathon d’une vie.
Performances, mais surtout émotions
Le Marathon de New York n’est pas fait pour battre un record personnel. Il est fait pour vivre un moment fort. Chaque coureur repart avec des souvenirs gravés à jamais : la vue depuis le pont Verrazzano, la clameur de Manhattan, l’entrée dans Central Park, la médaille autour du cou… et souvent des larmes.
Conseils pratiques
- Prévoir une bonne gestion des montées et des descentes
- S’hydrater régulièrement : les points de ravitaillement sont nombreux
- Ne pas partir trop vite dans Brooklyn
- S’entraîner à gérer les faux plats et à relancer
- Bien anticiper la logistique (transport vers Staten Island, départ très tôt)
Conclusion : New York, la course d’une vie
Participer au Marathon de New York, c’est courir dans un film, sur une scène mondiale, devant un public inoubliable. C’est l’une des seules courses où chaque coureur, quel que soit son niveau, se sent superstar.