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Le flow : un jour pas comme les autres au T2M

Manu


 

Cela fait plus de 24 heures que j’essaye de comprendre ce qui vient de se passer. Dans ma tête, je passe en revue les derniers mois, les choix que j’ai fait à l’entraînement pour essayer de comprendre la performance que j’ai réalisé dimanche dernier… je n’ai pas l’impression d’avoir réuni les éléments pour que cette journée soit mieux que les autres. 

Il y a quelques semaines, le pote que j’ai mis au triathlon il y a quelques années, me dit qu’il est partenaire du triathlon Moselle et Madon à Messein, et que si je veux un dossard il sera ravi de me l’offrir. 

Malheureusement j’ai des contraintes judo ce week-end là et je risque d’être pris. Au départ , je suis obligé de décliner l’invitation. Pourtant je n’ai pas raté les 3 dernières éditions et j’aime ce triathlon proche de chez moi, organisé par des passionnés et je sais qu’ils ont hâte de reprendre après le Covid. 

Quelques semaines après, le fameux dimanche se libère. Je valide le dossard avec mon ami Laurent (qui sera bénévole sur la course) et j’essaye d’embarquer des amis avec moi mais personne n’est disponible. 

L’objectif principal reste le half Ironman 3 semaines plus tard. Ce triathlon en distance olympique sera une répétition parfaite avant le grand jour. 

Je n’ai pas l’impression d’être en super forme mais il y a quelques semaines j’ai explosé des records lors de mon relai sur un Ekiden. Je sais qu’au niveau course à pied ça va plutôt bien mais j’ai été très léger en natation, une sortie en eau libre et quelques nages dans ma piscine. Mais depuis quelques semaines j’ai rajouté du rameur à mes entraînements. 

Niveau vélo, avec le vent et la météo, j’ai majoritairement fait du home traîner avec des séances assez dures parfois. Lundi dernier je décide quand même de mettre mon vélo de contre la montre sur le home traîner pour m’habituer à la position.

Je précise que je ne suis pas de planning, je fais des séances à la sensation et en fonction du temps disponible. Mon emploi du temps est toujours un peu chargé. Mais lors des derniers week-end j’ai réussi à faire des enchaînements vélo / course à pied.

Le psychologique en marche

Ma tête est bien occupée en ce moment, le projet professionnel qui me passionne se concrétise et les premiers retours sont positifs. Cela me fait du bien après tous ces longs mois de développement.

J’ai aussi dans la tête un ami très cher qui se bat contre un cancer. Nous avons perdu un ami du même mal, il y a 3 ans et je suis au quotidien sa bataille. Il n’y a pas un entraînement où je ne savoure pas la chance que j’ai de pouvoir exprimer mon potentiel physique et il est dans mon esprit à chaque sortie. 

Un week-end chargé 

C’est le week-end de l’ascension, j’ai posé quelques jours pour élargir un peu ce week-end. Quelques entraînements supplémentaires et nous avons une compétition importante avec l’équipe féminine de judo que je suis : une journée de cohésion le jeudi et une journée de compétition le samedi. J’ai peur que les déplacements, les préparatifs et l’énergie que je vais mettre me fassent défaut dimanche sur le triathlon mais peu importe cela reste la priorité. 

La journée de samedi ne va pas se passer comme prévu. Les filles vont rater de peu la qualification pour les championnats de France : tirage au sort, arbitrage, manque de chance,… tout va se cumuler pour nous faire rater l’objectif de peu. Mais les filles ont été solidaires et engagées, elles finiront par une belle victoire et un première place en filière honneur. 

Je rentre samedi soir heureux et fier des filles mais avec une bonne migraine. Heureusement elle passera après une bonne douche et un bon repas avec des amis. Je me couche en me disant que la course de demain sera compliquée, que je dois la voir comme un gros entraînement pour la prochaine échéance.

Le jour J

Je me lève, je déjeune, je me prépare tranquillement, j’échange quelques messages avec un ami. Je lui dis que les jambes ont l’air d’aller mais la tête est fatiguée. Il y a du vent ce ne sera pas idéal pour le vélo mais il ne fait pas trop chaud c’est plutôt un avantage.

On est peu dans le parc à vélo. Le Covid a fait son effet, les gens ne sont pas encore revenus sur les courses et c’est le jour de la fête des mères. 

La course du matin a réuni pas mal de monde mais cet après midi c’est plus léger. Nous voilà au bord de l’eau. Je me sens un peu mieux avant le départ que le matin même. Je fais quelques longueurs et  j’attends le départ. 

Je pars tranquillement, je fais un premier tour et le chronomètre n’est pas mauvais mais ça nage très vite devant. Il faut dire que le niveau semble assez élevé.

Le deuxième tour me semble identique, je me sens bien dans l’eau et le rythme est constant. Je n’ai pas l’impression de faiblir sur la fin. 

Je sors de l’eau avec un temps dans mes bonnes moyennes mais j’ai surtout l’impression d’avoir bien tracé entre les bouées alors que j’ai l’habitude de faire des zigzags. Cela se confirmera sur le tracé gps.

La transition se passe de manière fluide, j’ai même doublé quelques participants dans le parc à vélo. Je monte sur le vélo et les sensations sont bizarres, je me demande même si ma roue arrière n’est pas crevée. Je m’arrête pour vérifier et tout va bien… je repars, les sensations sont toujours bizarres mais il y a du vent latéral, je comprends que c’est les jantes en carbone épaisses qui me donne cette sensation, je n’ai tout simplement plus l’habitude… 

Après quelques kilomètres, la sensation s’estompe, je retrouve mon rythme et ma position sur le vélo. La première bosse arrive, je vois un concurrent au loin et j’essaye de donner l’objectif de le rattraper, je prends un premier ravitaillement dans la montée. 

Je roule bien mais je n’arrive pas à savoir comment je suis par rapport à d’habitude… je suis content du rythme de pédalage et je trouve que ma positon est bonne sur le vélo de contre la montre.

La deuxième bosse arrive, elle est plus dure, je mets tout à gauche et je mouline. Je suis content elle passe bien. Je sais qu’il reste une longue partie plutôt roulante et descendante, je mange mon deuxième ravitaillement et je profite de la position aéro… 

Je récupère quelques coureurs et on se tire un peu la bourre avec un autre cycliste. Il me passe dans la section un peu technique sur la fin. Je reconnais la dernière ligne droite, je prépare la transition en sortant les pieds des chaussures, étrangement cela se passe bien, la chaussure balance et je la reprends au retour. Je pose les pieds juste sur la ligne, je me rend à ma place, je mets mes chaussures de course, je retourne mon dossard, j’enlève le casque et je mets une casquette et je repars aussitôt en me disant que j’ai fait une belle transition. 

Les premières foulées sont bizarres mais l’allure est bonne, je sais que c’est l’histoire de quelques hectomètres. Je vois au loin une photographe, j’essaye de garder une bonne position pour que cela donne une belle photographie. 

Je fais un premier kilomètre en 4’37 c’est un peu rapide, je me sens très bien mais j’ai peur que le coup de fatigue arrive par la suite. Je me cale entre 4’50 et 5’00, on verra si le rythme baisse. 

Plus les kilomètres avancent, plus je me dis que je suis vraiment bien, je sens bien mes jambes, j’ai l’impression de bien encaisser le rythme cardiaque plutôt élevé, il ne me gêne pas et je respire très bien. 

Je finis le premier tour de 5 kilomètres, je regarde ma montre, je fais quelques calculs et je commence à me dire que si je maintiens ce rythme, je vais battre mon record sur distance olympique malgré un parcours vélo qui n’est pas plat et exploser mon record sur ce triathlon en particulier. 

J’ai des supers sensations mais j’ai peur que cela soit l’euphorie avant le coup de bambou. Je garde le rythme, je reprends un coureur au dernier ravitaillement, il reste 2 kilomètres, je suis toujours très bien, j’ai l’impression de me sentir léger et d’enchaîner sans me fatiguer. C’est le dernier kilomètre, je remets un peu de gaz pour finir en beauté et assurer le record. 

Le rythme cardiaque monte mais je suis toujours bien, je suis en train d’approcher mon record sur 10 kilomètres après 2 heures de course. Je suis en train de courir un 10 kilomètres en négative split. Impensable !

Je passe la ligne en pleine possession de mes moyens et avec le meilleur temps sur ce triathlon et sur distance olympique en général. 

En regardant, mes statistiques, je m’aperçois que j’ai été bon sur tous les secteurs. J’ai gagné quelques secondes sur tous les segments en vélo, j’ai fait des bonnes transitions et j’ai gardé un très bon rythme en course à pied.

Je me sens rassuré sur mes capacités pour la prochaine grosse échéance et j’ai hâte de faire ma première course sur label ironman. Rendez vous dans 3 semaines et j’espère revivre cet état de plaisir et de plénitude que j’ai pu vivre ce dimanche sur la course à pied. 

Encore une fois un grand merci à toute l’équipe de Neuves Maisons Triathlon pour cette superbe épreuve. J’ai pris l’habitude de dire « Merci » à tous les bénévoles que je croise cela a peut-être aidé à la performance.

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