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Manu Gault, toujours plus haut !

remy


 

manu-gault-2Devenu, en moins de temps qu’il n’en faut pour escalader une montagne, l’une des figure incontournable de la «Planète Trail». Champion exemplaire, il est également un homme bien sous tout rapport. L’un de ceux qui porte haut le slogan de son équipementier : un esprit sain dans un corps sain…

Passionné et passionnant. Attentif et exigeant. Respecté et respectueux. Champion du sport, mec normal de la vie. On pourrait ainsi égrainer les qualificatifs pour désigner Manu Gault. Un «Inventaire» à la Prévert. Car il est ainsi. Comme beaucoup de champions, comme beaucoup de gens «hors norme», il échappe à une «case» unique. Difficile de le ranger quelque part tant il échappe à toute forme de logique

En effet, s’il est star le dimanche sur les sentiers, dans les montagnes, il est prof la semaine. Partagé entre les cours, les conseils de classe, les réunions d’un côté, les petites séances de VMA, les footings de récup’ le midi et d’autres séances le soir. Il parle de «journées bien remplies» qui ne l’empêchent pas de vivre passionnément. Le sport et le reste de la vie. Dans l’inventaire de ce qui caractérise Manu Gault, il y a une part pour l’humilité. Même s’il a gagné à peu près tout ce dont rêve un traileur (dont la CCC, le championnat du monde de trail par équipes, la SaintéLyon, etc.) après avoir débuté par un premier succès au traildu… cassoulet en 2007 qui a servi de révélation ! Pourtant, «Je ne sais pas si l’humilité fait partie de mes traits de caractère», analyse-t-il d’emblée. Comme pour apporter de l’eau au moulin des questions. «Mais ce qui est sûr, c’est que je pense que c’est tout à fait compatible avec une belle carrière de sportif. C’est même à mon sens un trait obligatoire du fameux «champion « dont on parle. Parce qu’on sait que tout résultat du jour n’est que provisoire et que demain, on peut être de nouveau rappelé à l’ordre par une blessure ou par une baisse de forme. Je ne vois donc pas l’intérêt de se «faire mousser» pour tel ou tel résultat. Tu peux gagner de belles courses certes, cela peut mettre à jour un certain talent, mais tu n’as pas non plus sauvé des vies… Il faut remettre les choses à leur place. On peut faire de belles choses et en être fier, c’est légitime et cela m’arrive parfois. Mais nous ne sommes pas non plus des héros. Bien d’autres personnes font des choses plus utiles et héroïques chaque jour. Et on en parle moins. En ayant cela à l’esprit, je pense que tu ne peux que rester humble. Quelles que soient tes performances…» Vous voilà certainement convaincus par le bonhomme, non ? Oui, il connaît la blessure. Oui, il connaît la malchance. Oui, il connaît cette désespérance du coureur cloué dans son fauteuil et empêché de s’exprimer sur son terrain favori. Grâce à ça, il a aussi appris la philosophie.

«Quand j’ai été blessé, j’ai aussi appris à être moins impatient en me disant qu’il fallait que je continue à bosser et que ça allait me sourire. Je suis plus sérieux sur certaines choses que j’avais un peu laissées de côté, comme la diététique. Je fais plus attention à certains détails : la récupération, le contenu des séances car j’ai tendance à souvent en mettre trop à l’entraînement et je me grille un peu.» Des attentions qui l’éloignent un peu de sa vision du champion tel qu’on l’imagine. Un bourreau de travail doublé d’un robocop mental. Pour répondre à l’interrogation sur «comment devient-on un champion ?», Manu avance prudemment, à petites foulées, et rétorque «tout dépend ce qu’on appelle un champion…» comme s’il ne parvenait pas à se glisser dans la peau de ce qu’il est. «Pour moi un champion, c’est quelqu’un qui se dépasse sans cesse, qui cherche toujours à s’améliorer et qui ne baisse jamais les bras et met tout en oeuvre pour atteindre ses objectifs. Mais cette attitude est valable dans la vie de tous les jours et peut prendre place dans sa vie professionnelle, familiale, personnelle au delà du sport. Je considère certains coureurs comme de vrais champions alors qu’ils ont parfois des résultats modestes… mais un investissement et une volonté exemplaires ! A l’inverse je connais d’excellents coureurs qui ne présentent pas toujours ces traits et que j’admire beaucoup moins…

Une fois cette mise au point effectuée, le «Trail Man», comme il se définit sur son profil de réseau social, se replonge dans la question. «Donc comment devient-on un champion? Je ne sais pas vraiment! Je pense qu’on a peut être quelque chose dans notre parcours de vie qui a provoqué ce «feu sacré» qui veut qu’on a toujours la force et la volnté de donner le meilleur de nous même du matin au soir. Et l’envie d’aller toujours plus loin, de se dépasser…» Un idéal qui le pousse toujours à aller plus loin, plus vite, plus haut. Il répète souvent une phrase qui revient comme un espoir. Quelques mots qui résonnent pour améliorer le monde. Ou une partie de celui-ci. Ou juste un entourage. Ou juste pour lui-même, peut-être. Ces mots sont : «j’aimerais que les gens cherchent à être meilleur aujourd’hui que ce qu’ils ont été hier». Un sacré pari.

«C’est toujours dans la même optique, je pense que certaines personnes baissent parfois les bras et ne cherchent pas à aller plus loin. De manière globale, je me dis que si on avait tous envie de faire un peu plus ou un peu mieux chaque jour, les choses iraient parfois mieux et dans le bon sens. C’est valable pour toutes les problématiques professionnelles, familiales ou sportives évidemment. Cette optique de se dépasser, de se remettre en question est souvent très positive et aboutit à de belles choses chez les personnes qui prennent soin de s’y engager et d’y réfléchir. Mais ce n’est pas facile… Parfois il n’est pas facile de se remettre en question et parfois encore moins facile de bouleverser ses habitudes. Cela nécessite une bonne dose de courage. Mais le résultat
est tellement gratifiant !»

Un résultat qu’il connaît forcément. Qu’il a forcément côtoyé à un moment ou un autre. Dans une situation ou une autre. Ce qui lui permet de dire qu’il est un «un athlète toujours à la recherche du meilleur de moi-même». Il est exigeant avec son corps entier tendu vers sa passion. «Je suis un athlète qui va puiser dans tous ses retranchements pour être le plus compétitif possible. Parce que j’aime la compétition. Un coureur qui aime se battre (en tout respect sportif bien sûr) pour obtenir ses résultats. Un «guerrier» comme le disent parfois ceux qui m’entourent…» Et ceux qui l’entourent savent aussi quel homme il est. Et comment il se comporte avec ceux qu’il aime. «Dans le civil, je suis un homme à la recherche du bien être de ses proches je pense. Très proche des siens. Exigeant. Qui aime que les choses avancent et qui a du mal à supporter l’immobilisme. Qui aime l’humain, le respect et le dépassement. Et qui a du mal avec l’injustice également. Pour le reste je pense être comme tout le monde et ma vie «ordinaire» me sied parfaitement : une chérie et des enfants qui vont bien et que j’aime ; un boulot de directeur et prof d’école qui me passionne et une passion pour la course qui m’épanouit pleinement. C’est un triptyque qui me comble ! » Amour, travail, passion. Un joli cocktail pour un amoureux de la vie. Pour un travailleur de l’effort. Pour un homme qui a fait du trail sa grande passion sportive.

«Je trouve que le trail est vraiment une discipline géniale qui mêle difficultés
et humilité et qui draine une population de coureurs que j’apprécie particulièrement. Des gens qui sont ici pour le défi et le dépassement de soi. Du premier au dernier, on est tous dans la même galère et je trouve super de pouvoir partager nos expériences et nos petits actes de «bravoure» personnels. J’ai souvent en tête ces images de ma première Saintélyon où j’ai vu des gens littéralement se «dépouiller» pour terminer en plus de douze heures. J’étais admiratif… et respectueux aussi ! On retrouve aussi souvent le même état d’esprit chez les organisateurs qui «bichonnent» leurs coureurs en préparant des beaux parcours et des épreuves au petits oignons. Bref, globalement je trouve que le trail véhicule un bon état d’esprit même si on ne peut que regretter la
dérive mercantile de certaines épreuves qui, elles à l’inverse, inventent n’importe quoi pour gagner de l’argent…»

Voilà pour le trail. Mais qui dit trail et champion, dit forcément compétition. Ces moments de pure grâce qu’il faut apprivoiser pour ne pas se déliter. Pour ne pas fondre devant l’adversité. Pour atteindre les objectifs fixés, quel que soit le niveau personnel. «Pour ce qui est de la compétition, je trouve dans cette discipline de quoi assouvir mon envie de dépassement que ce soit contre moi-même ou face aux autres… Le niveau global monte d’années en années et du coup, on se retrouve à livrer de belles batailles et à aller chercher encore plus loin les ressources pour s’imposer… Et ça, j’adore !»

Il adore aussi (en dehors de Sissi…) un tas d’autres choses. Des rencontres, de la chaleur humaine, du partage. Il craque aussi pour «des petits écarts diététiques» et avoue un faible pour sa «sacro sainte Danette au chocolat la veille des courses». Il tient à son « short pour courir même par -12°, comme à la SaintéLyon… » et confesse être parfois «un peu difficile à suivre» (au sens propre comme au figuré). «Mais je me soigne !», promet-il, en compatissant sur le fait qu’il fait «souvent devenir chèvre mon team manager car j’ai tendance à avoir une nature à faire un peu ce que je veux…» Enfin, il ne pourrait pas reprendre le cours normal de son existence après cette parenthèse «Foulées» sans un vibrant hommage à la solidarité, à l’amitié et à l’amour… «Deux moments m’ont marqué dans mon parcours de trailer…Le premier est la CCC 2010 que je termine en cinquième position main dans la main avec mon pote de team, Frank Bussiere. Ce jour là, nous avons eu des conditions d’apocalypse et Frank m’a ramassé dans la dernière ascension dans la nuit, la pluie et le brouillard… Un vrai cauchemar ! Nous avions partagé la préparation ensemble et j’avais trouvé super qu’à quelques encablures de l’arrivée on ait pu se retrouver pour terminer ensemble. J’étais vraiment en détresse à ce moment là et je peux vous dire que j’étais content de le retrouver car c’est lui qui m’avait fait découvrir la haute montagne quelques semaines auparavant. La deuxième anecdote se situe l’année d’après en 2011: Frank gagne la TDS, je m’impose à la CCC en faisant une course de folie et en prenant Sissi et Benjamin, mon fils, dans les bras sur la ligne: un moment de plénitude comme on rêve d’en vivre en sport.»

Alors, il n’est pas passionné et passionnant ce Manu Gault qui rêve d’aller toujours plus haut ?

 

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