Humeur

Le WTL, une association de traileurs en confinement…

Samedi 14 mars 2020, 11h50, la sortie longue avec mes potes du WTL se termine. 20km dans les bois et dans la bonne humeur ! Depuis je fais le hamster. Une boucle de 5km autour de la maison, répétée deux fois. J’y apporte quelques variantes… J’habite à proximité de petits sentiers, ça monte, ça descend, mais le plus gros de mes sorties se fait sur bitume. A la fin du confinement les semelles de mes Terrex Agravic Flow (Adidas) auront rendu l’âme !

Tout le groupe WTL est donc confiné, chacun chez soi… Les échanges se poursuivent virtuellement, via le groupe Facebook. J’ai souhaité savoir comment ces drogué-e-s de course à pied vivent cette étrange période. Tour à tour Nadia, Philippe, Cyril, Nicolas et David racontent.

Nadia, courir pour se sentir vivante !

Nadia est aux premières loges. Aide-soignante dans un centre spécialisé, elle vit tout particulièrement la crise sanitaire en cours. Habituée au stress, ses journées de travail sont beaucoup plus longues ces dernières semaines. “J’essaie de faire 3 sorties par semaine. Cela me vide la tête. J’ai la chance de pouvoir emprunter un chemin, à 50 mètres de la maison, qui me mène directement dans les champs. Je cours seule, avec le chant des oiseaux pour m’accompagner. Je croise également beaucoup d’animaux, des biches notamment.
Je fais également une séance de yoga par semaine. J’ai du me résoudre à laisser le vélo au garage. L’entraînement pour mon premier triathlon attendra.”

Philippe, le coach du samedi, court et marche tous les jours.

“C’est vrai que les sorties course à pied sont différentes, ce qui me manque le plus c’est la motivation du groupe, la convivialité, les échanges et les grands espaces naturels.
Je sors 1 heure tous les jours en alternant course à pied et marche. Je découvre mon quartier dans le rayon autorisé et c’est comme ça que j’ai trouvé mon terrain de jeu dans un endroit un peu insolite plus ou moins abandonné et assez nature. Je me suis fait un parcours de 1,25 km que je fais plusieurs fois avec montées/descentes. Au total 9 km avec 220 de D+. Sinon, je fais également des sorties escaliers, cela me rappelle la Cure d’Air.”

Cyril court entre Nancy et Paris.

“Dans un premier temps, je me suis interrogé sur la meilleure façon de capitaliser sur ma prépa marathon de Paris (annulé) pour être prêt pour le 55 du trail de la vallée des Lacs initialement prévu en juin à Gérardmer. Les sorties longues étant impossibles, le gros dénivelé aussi, dans le périmètre d’un km autour de mes deux lieux d’habitation (Paris et Nancy) j’ai opté pour une alternance d’endurance fondamentale, d’escaliers à la Cure d’Air ou au Trocadéro et de boucles avec montées/descentes à allure soutenue. Je mets ainsi quasiment chaque jour mon heure de sortie autorisée à profit et croise beaucoup de coureurs, parfois dans des chemins étroits. A cette pratique extérieure, j’ajoute une séance 1 jour sur 2 en Facebook Live de renforcement musculaire avec un coach du Well and Fit, histoire de continuer à bosser abdos et gainage. Cela me permet de garder une certaine condition physique, de mieux vivre ce confinement mais, franchement, j’aimerais bien avoir une perspective de course, un objectif pour retrouver davantage d’enthousiasme et de plaisir. Pour l’instant, la seule certitude, c’est que le marathon de Paris aura lieu le 18 octobre. Beaucoup trop loin pour se projeter…”

Nicolas, difficile de se motiver seul.

“De mon côté, j’avoue ne pas être un très bon confineur car  je continue à travailler et faire la route (jusqu’à Hagondange) tous les jours, et en plus je continue de m’entraîner, 2-3 fois par semaine, donc je me sens un peu en décalage avec tout ce qu’on entend dans les médias.
Quand je cours, iI m’arrive de respecter l’heure et le kilomètre autorisé par la loi. Du coup je sillonne, sans trop d’objectifs, mon quartier (un triangle entre le parc Pouille, le parc Sainte-Marie et le cimetière du Sud à Nancy). J’avoue que ca ne me motive pas trop. Mais la plupart du temps je vais jusqu’en forêt de Haye, pour courir. Ou je pars de chez moi, ou je m’arrête en rentrant du travail.
J’essaie de varier un peu les entraînements, en faisant du fractionné ou comme hier en allant faire la côte le long du parc de Brabois.
Voila donc je continue de courir, même si c’est bien plus dur de se motiver seul.
Après je suis conscient que ce n’est pas forcément civique et solidaire, mais vu que je vais tout les jours au travail, je me dis que je ne risque pas plus d’être et de contaminer quelqu’un, quand je suis seul dans les bois.”

David, difficile de se motiver pour faire des sorties sur le même parcours et seul.

“Cette période de confinement impose d’exercer son activité différemment afin de respecter les règles. L‘autorisation de faire de l’exercice uniquement une heure par jour et dans un rayon d’un kilomètre du domicile ne permet plus de travailler le trail et de faire des sorties forêts, ou longues. Retour au bitume.
J’ai donc décidé d’axer mon planning de la façon suivante : une sortie running sur bitume un jour sur deux et j’y « travaille » un thème. Travail sur la cadence, sur la foulée ou cote, allure seuil. Mais pas de fractionné court.
Et l’autre jour je travaille le renforcement musculaire selon le programme suivant : 45 minutes de vélo elliptique devant une série (parce que c’est vraiment lassant) et développé couché, curl, squat, abdos et gainage.
De façon générale, le volume de travail est satisfaisant et je ne ressens pas vraiment de manque d’activité. En revanche il est plus difficile de se motiver pour faire des sorties sur le même parcours et seul. C’est bien plus le manque d’échange avec les collègues de club ou lors de compétitions, où l’on se mesure à soi même qui commence à manquer.
Bref si musculairement c’est satisfaisant c’est lassant sans son club et même parfois frustrant de toujours être présenté par les médias comme « l’anti citoyen » qui favorise la propagation du COVID. Le runner/trailer représente une cible facile pour les autorités qui devraient s’attacher à déjà faire respecter les règles de confinement par tous et partout.”


Le WTL (World Trailander Laxou) est une association de traileurs qui regroupent 80 membres. Elle organise chaque année un trail (2 parcours : 11 et 21km). Cette année la 11ème édition du Laxou Trail est programmée le dimanche 20 septembre 2020.