Vrai Test Chaussure – KALENJI KIPRUN 1000 – Premières impressions

Kalenji Kiprun 1000 de face

E.N.F.I.N. !!! Un Vrai Test des chaussures de notre grand – et seul de cette taille – équipementier Français : KALENJI, la marque running du Groupe Décathlon. Surtout qu’il y a longtemps que je – et je sais que vous aussi le souhaitiez vivement – voulais tester un modèle de la gamme, d’autant qu’il y a tout une mythologie qui se développe autour de la marque KALENJI : quelques verbatim « vu le prix, c’est bon ou c’est pas bon ? », « c’est pour qui ces chaussures ? débutants ? confirmés ? », « leur durabilité ? » « Ils n’y connaissent rien en running et achètent des modèles en Asie », « elles font mal au dos, aux genoux » … De quoi alimenter bien des rumeurs urbaines d’entraînement. Pour résumer : on entend tout et n’importe quoi, et plus souvent n’importe quoi. En plus, comme c’est une marque Française, on en rajoute … Moi, je n’aime pas parler de ce que je ne connais pas et je n’aime pas critiquer sans savoir, il fallait donc absolument que je teste des Kalenji.

L’heureuse élue de ce Vrai Test est la KIPRUN 1000. Vendue 59,90 Euros sur Decathlon.fr et 69,90 Euros en magasin. C’est pas cher, hein ?

Lorsqu’on évoque KALENJI, le premier mot qui vient à l’esprit c’est … prix (une chaussure de running à 60 Euros, ça ne court pas les rues !), souvent associé, d’ailleurs, à l’adjectif « petit ». J’en entends déjà dire : petit prix = petite qualité … Mouais, un peu facile et un peu rapide. Savez-vous, que dans la décomposition du prix d’une chaussure, la part relative au circuit de distribution – au sens large y compris logistique, pub … – est supérieure à 70%. Ces 70% servent à payer, entre autre, la foultitude d’intermédiaires et de retailers, les commissions aux magasins – qui a osé écrire cela ??? – etc etc etc. Or, dans le cas de KALENJI, le circuit de distribution fait fi d’une grande partie de cette population qu’il faut bien rémunérer pour le travail plus ou moins intense qu’elle fournit : produit conçu en interne, fabrication au même endroit que les autres puis distribution directe en magasin Décathlon. D’où de sérieuses économies qui – c’est sympa pour nous LOL – se répercutent, en partie, sur les prix. Je ne connais pas les valeurs de l’équation qui permettraient de ramener fictivement le prix d’une chaussure KALENJI au prix d’une chaussure d’un équipementier en ajoutant des coûts de distribution « classiques » – faut-il multiplier par 1.1, 1.2, 1.3 … pour comparer avec une paire de Nike, d’adidas ou d’Asics ?. Cela dit, le résultat est là : le prix 🙂

Autre précision qui a son importance : contrairement à d’autres grandes surfaces de sport qui importent des produits finis d’Asie et se contentent d’y apposer leur logo, KALENJI les conçoit dans ses bureaux d »études du Nord de la France tout autant équipés pour cela que ceux de Nike ou d’Asics.

Comme vous êtes sur Wanarun et non sur le site des Echos ou de BFM, je pense que l’économie de la chaussure de sport, ça va bien quelques minutes mais pas plus et que vous êtes en droit d’attendre de moi que je fasse autre chose de ces chaussures que de pérorer. Et bien, c’est parti ! Je vais donc ôter, dès demain, mes Vibram – si si, je peux le faire ! – pour quelques jours et continuer mon plan d’entraînement pour le Marathon Seine et Eure du 17 octobre en KIPRUN 1000 (Plan Marathon Bruno Heubi en 9 semaines). Au menu : un petit peu de VMA sur route mardi (5x250m / 6x200m / 5x150m), un petit peu d’EMA à 85% de VMA mercredi (20 min / 15 min / 15 min), une petite récup d’une heure à 70% de VMA vendredi et une sortie longue de 2h10 samedi. Un programme bien copieux et de quoi voir ce que cette KIPRUN 1000 a dans le ventre.

La KIPRUN 1000 est un modèle particulièrement intéressant car elle s’adresse, si l’on en croit Décathlon, a un très vaste public : coureurs réguliers de 1 à 5 entraînements par semaine. C’est une routière à qui cependant les chemins ne déplaisent pas trop. Elle présente, toujours en théorie, un compromis dynamisme / confort / amorti qui convient au plus grand nombre. Bref, un modèle assez universel au sens propre comme au sens figuré qui pourrait convenir à 80% des lecteurs du site, ce qui veux dire que ce n’est évidemment pas un modèle comparable aux modèles haut de gamme des autres marques, ni un modèle super pointu pour la petite communauté des pronateurs-du-pied-gauche-amateurs-d’ultra-sur-route-cimentée.

Ses principales caractéristiques techniques constructeur sont : amorti concept CS (R) sur le talon mais aussi l’avant du pied, une première chez Kalenji, concept ArkStab(R) au milieu du pied pour améliorer la stabilité en course – c’est la fameuse arche de maintien autour du pied, un système similaire à celui que je vous avais présenté lors d’un test Saucony – et un profil de semelle favorisant un déroulé total du pied.

Si vous avez lu le programme que je vais leur infliger cette semaine, vous avez évidemment compris qu’à l’heure où j’écris ces mots, je n’ai pas encore couru avec ces KIPRUN 1000. Enfin, quand je dis pas couru, c’est un peu faux car je les ai enfilées et ai fait une petite demi-heure tranquille de « déverminage ». Mes premières impressions seront donc essentiellement visuelles et statiques, mâtinées cependant de quelques légères considérations dynamiques.

Un petit peu de visuel pour démarrer ? Commençons par la qualité perçue. Alors là, rien à dire : les matériaux employés semblent de qualité, les finitions intérieures et extérieures sont impeccables, les assemblages – coutures et collages – sont très soignés. Une chaussure, donc, dans ce domaine, largement au niveau de concurrentes bien plus onéreuses. Low cost dans le prix mais pas low cost dans la finition.

Kalenji Kiprun 1000 semelle et vue de dessus

D’un point de vue esthétique, le choix et les associations de couleurs – orange, gris et quelques touches de noir – sont parfaitement réussis. Un petit bémol cependant, pour ceux qui emmèneraient la  KIPRUN 1000 sur des chemins boueux, je pense qu’elle risque de se salir assez vite. La chaussure n’apparaît pas comme surchargée en motifs divers et variés et demeure assez sobre d’aspect. Personnellement, d’ailleurs, je la trouve assez réussie du point de vue … artistique 🙂 Aux pieds, vue de haut, elle est très fine, élancée plutôt qu’empâtée.

En terme de confort – statique pour le moment -, la KIPRUN 1000 s’enfile assez facilement. Le chausson est agréable au pied, par contre, il n’est pas large du tout, conséquence du système intégré de maintien Arkstab sans doute, le milieu du pied est plus que bien tenu … Personnellement, cela ne me dérange pas, mais ceux qui ont l’habitude de plus d’espace auront un temps d’adaptation. La chaussure taille petit. Il faut prendre au moins 1.5 tailles au-dessus de votre pointure de ville.

La semelle est assez singulière – je sais, je cours en Vibram mais quand même, je me cultive et j’ai des tas d’autres paires dans mes armoires. Comment expliquer cela ? On a l’impression que le pied est soutenu sur neuf dixièmes de sa longueur mais que le dixième « avant » est … dans le vide. Vous n’avez rien compris ? C’est normal … L’effet recherché est, pour quelqu’un attaquant du talon, de permettre un déroulé complet du pied avec un appui dynamique final sur la pointe. De fait, en statique, c’est ce qui se passe si on essaie de faire quelques pas avec la chaussure, on obtient un beau déroulé, grâce à un effet « délestage » obligeant à terminer la foulée sur l’avant. Alors, évidemment, le souci que je vais avoir personnellement, c’est que, courant habituellement sur l’avant du pied, je vais sans doute impacter le sol sur une petite zone de la semelle un peu « bâtarde ». Mais, comme cette chaussure s’adresse à 80% des runners, je vais faire l’effort, rien que pour vous, lecteurs, de re-courir un peu sur le talon.

Bon, est-ce que je vous parle de ma demi-heure de déverminage sur route ou pas ? Hum … Non, vous attendrez le prochain article 🙂