Parfois, j’en suis exaspéré

Personne ne pourra contester l’engouement sans cesse croissant de notre sport favori, la course à pied, si simple dans sa pratique ( peu d’équipement, peu de contrainte pas infrastructure contraignante) : Un bien-être physique et moral à portée de main dans une société si anxiogène et soumise au stress d’un monde professionnel où tout doit aller plus vite, comme si l’humain devait se déplacer aussi vite que le flux d’information dans une ligne ADSL. Ainsi, une bonne paire de running enfilée et on peut méditer seul, au rythme de son souffle et de ses pas, pour me mieux retrouver son moi parfois mis à mal, comme partir en groupe et partager ainsi un bon moment de convivialité.

Il en est de même de l’engouement sur les bord de la route, sans cesse plus nombreux sur les marathons ou sur les petites courses du dimanche où conjoint et enfant viennent encourager le héros de la famille.

On est donc bien loin du temps où la course n’est qu’une affaire entre athlètes de haut niveau et du récit que faisait, il y a quelques mois, Dominique CHAUVELIER, le quadruple champion de France du marathon, où dans les années 80 le passant prenait le coureur pour un doux dingue.

Néanmoins, encore aujourd’hui, bien qu’assez peu fréquent, il m’arrive d’être exaspéré par l’attitude irrationnelle de certaines personnes vis-à-vis des coureurs.

Je prendrai ainsi mon exemple que j’espère être isolé. Je suis un habitué des quais de Seine de la ville de Rouen, lieu très fréquenté par les coureurs de la ville, de tous les niveaux, car plat et très long. C’est aussi un lieu de promenade très fréquentée mais aussi le point de rassemblement de quelques marginaux plantés des heures sur les bancs publics.

Combien de fois que je me fais rayé par des jeunes couples dont l’homme bravade en me regardant et en disant à sa chérie très narquoise qu’il peut courir plus vite pour moi ? Combien de fois une couple de jeunes retraités vous observe avec morgue parce que vous transpirez. C’est aussi, le vieil homme qui vous me menace d’appeler la police car vous n’avez rien à y faire, selon lui, sur les quais le dimanche après-midi car c’est réservé aux promeneurs dont les chiens tentent vous agripper aux mollets. C’est aussi l’histoire de jeunes zonards qui vous prenne à partie parce vous pratiquer le même sport qu’un président de la République, donc, pour eux, que vous êtes « bling bling » (le comble alors que vous faîtes un des sports les plus sobres qui soit)

Bien sûr, cela n’arrive pas tous les jours et que ces gens ne sont que peu nombreux. Mais parfois, je commence à comprendre concrètement les ravages causés par les gens qui pensent que si vous êtes différents d’eux, même sur un point, vous êtes une sorte de déviant. Pas étonnant, dans une société dont une frange se sent gêné par la couleur, la religion la sexualité de l’autre. Toujours cette tendance à vouloir dénigrer car cela permet, lâchement, de soulager son petit complexe d’infériorité en cherchant un défaut supposé ou inventé chez l’autre.

Parfois, cela m’exaspère.