Course

Marathon de Paris 2017 : récit d’un échec

Il m’a fallu un peu de repos isolé de tout pour pouvoir accepter ce qui s’est passé dimanche. Difficile d’accepter cette contre-performance, alors que depuis un mois tout aller pour le mieux, les sorties longues étaient fluides un vrai plaisir avec le bon rythme. Mon objectif de passer sous la barre des 4 heures en tenant un rythme à 5m30. Le petit rhume que j’ai chopé une semaine avant a sans doute eu raison de mes entrainements.

Plusieurs séances par semaine, des semaines d’entrainements, des centaines de kilomètres, pas une goutte d’alcool, une alimentation saine et sérieuse… et finalement le château de cartes s’écroule en quelques heures. Il faut dire que les dernières nuits n’ont pas été idéales : sommeil difficile à trouver, réveil durant la nuit. J’ai l’impression que le mental a lâché avant même le départ.

Pourtant ce jour là il faisait beau, le soleil était rayonnant et on était entre pote. Ce défi qu’on se lance entre amis pour pimenter le quotidien, aller plus loin, essayer de faire mieux que la dernière fois. On était dans le SAS de départ et tout allait bien, on prenait des photos et on rigolait.

Puis ça a commencé à bouger tout doucement, on a commencé à marcher vers le portique du départ tranquillement jusqu’à le dépasser et lancer le chronomètre. C’était parti pour 42 kilomètres et des poussières…

En descendant les champs Élysées, alors que la pente devrait m’aider à me mettre dans le rythme, j’ai l’impression d’aller vite (trop vite sans doute) mais en vérifiant sur le chrono je suis sur mon rythme de croisière, je trouve cela bizarre le rythme est bon mais les sensations ne sont pas là. Etrangement je n’ai pas les sensations que j’avais sur mes dernières sorties longues, ni même la dernière sortie à allure marathon.

J’essaye de m’enlever cela de l’esprit et je profite un peu de Paris. L’ambiance est incroyable, les gens, la musique, les encouragements, les enfants qui tendent la main. Comme je le craignais la météo est clémente mais cela ne fait aucun doute il va faire chaud. J’essaye de choisir l’ombre dans les rues.

Jusqu’au 20ème kilomètre tout va bien, je suis dans le rythme que je me suis fixé et je suis très régulier, j’ai bu et je me suis alimenté comme je l’avais prévu mais voilà alors qu’en général je trouve mon rythme de croisière au bout d’une quarantaine de minutes. Là je ne trouve pas ce second souffle, je ne suis pas facile… mais je ne m’inquiète pas le rythme est toujours là….

A partir du 27ème kilomètre, je ressens une douleur au genou gauche c’est une première, je n’ai jamais eu de douleur de ce côté. Je sais que depuis ma fracture du tibia, il m’arrive d’avoir mal à ma cheville droite mais c’est en général après quand elle est froide. La route est bombée et je suis souvent sur le bord, j’essaye de changer de place et de varier un peu la foulée pour voir mais rien n’y fait.

Il commence à faire vraiment chaud, je vois la tour Effeil mais je la regarde à peine, je suis complètement omnibulé par cette douleur au genou. Je commence à ralentir et je profite des ravitaillements pour marcher et bien m’alimenter. Je constate que l’allure a bien ralenti, je calcule et je me dis que si je continue à ce rythme les 4 heures vont s’envoler.

Un peu après le 31ème je me prends le mur, c’est un peu près le moment où je comprends que l’objectif est inatteignable et la douleur ne baisse pas avec le rythme. Au ravitaillement en marchant, la douleur disparait c’est uniquement en courant…. Ensuite cela sera une alternance de course et de marche, je ne sais plus où je suis. Le bois de Boulogne est un long chemin de croix, alternance de marche et de course. Je regarde à peine la fondation Louis Vuiton et ses couleurs dans la lumière du soleil.

Je sais qu’il ne reste plus grand chose depuis quelques kilomètres, je m’imagine dans ce parcours que je connais par coeur celui que je fais presque tous les jours, je me projette, je suis complètement dans ma bulle. La fin approche, je me lance dans un sprint pas pour gagner quelques secondes mais pour stopper au plus vite cette douleur au genou.

Je passe la ligne d’arrivée, j’arrête le chrono, je ne sais pas où je vais, je me souviens qu’on s’est dit : on se retrouve après les médailles. J’aperçois les médailles, j’aperçois Anne qui les distribue et je me mets devant elle. Je lui dis que c’était dur mais je suis dans le flou complet, je suis à l’ouest. Mon téléphone sonne c’est les potes qui m’attendent, je les voient et on se tombe dans les bras. Gros moment d’émotion…

Forcément depuis je me demande ce qui s’est passé, je me demande pourquoi alors que j’étais sans doute mieux préparé que la dernière fois et le résultat est moins bon… C’était sans doute une journée sans bien sûr j’ai terminé mais je n’ai pas rempli mon objectif alors forcément on est un peu déçu….

Une chose est sûre, j’y retournerai une autre fois, j’ai pas envie de rester sur un échec.