Deux coureurs pieds-nus aux 10km de la Celle Saint Cloud

1% DE REPRESENTATIVITE, MAIS QUELLE BONNE JOURNEE !

Lors d’une course dominicale de 10 km, dans une ville d’Ile de France, qui peut représenter 1% du nombre de participants, posséder 100% de motivation, n’être sponsorisé par aucune marque de chaussures, et pourtant susciter un intérêt certain parmi l’assistance et les autres coureurs ?


Réponse : juste deux coureurs comme les autres, parmi les quelques 200 réunis,ant simplement la singularité d’effectuer le parcours… pieds nus !

Conviés par les organisateurs à participer, ce dernier dimanche, aux 10 km de « Courses en Fêtes » à La Celle-Saint Cloud, Christian Harberts (webmaster de la section Française de la Barefoot Runners Society) et moi-même, Daniel (je me présenterai plus tard dans un prochain article sur wanarun), avons très volontiers répondu « présents » ! Et nous ne l’avons en rien regretté, bien au contraire !

J’ai été, en préambule au départ, invité au micro pour expliquer rapidement les raisons de cette façon de pratiquer le running, ses modalités de progression dans l’entraînement, ses avantages et ses inconvénients, ses différents aspects (pieds nus strict et minimalisme) : tout cela est dans la vidéo tournée par mon amie Virginie Batoche, coureuse minimaliste et qui a effectué là une excellente « rentrée-bobo », et dans un temps remarquable. Retrouvez-la, « Buzzy le Colibri », sur son blog :   http://verslinfinietodela.blogspot.com , il vaut le détour.

 

 

Christian effectuait sa première compétition pieds nus après moins d’un an de préparation en reconversion, et bouclait les 10 km en moins de 50’ !…
J’effectuais moi-même un retour après dix-huit mois d’entraînement très épisodique, en 62’, parmi les V3.

La course elle-même était particulièrement agréable, avec surtout un grand nombre de bénévoles très chaleureux, un parcours générateur de très bonnes sensations, bref… une belle réussite pour le Club organisateur. Quand une manifestation est réussie, il faut le dire !

Mais le moment le plus important pour moi a été l’après-course, dans le gymnase où se préparait la remise des récompenses d’abord, puis au dehors après… Entouré de coureurs, qui m’avaient entendu avant le départ, et nous avaient vu courir, surpris de voir le bon état mes pieds, m’interrogeant sur les sensations, sur mes motivations, mon entraînement et sa progression, etc. Et puis, bien sûr, on a parlé de leurs problèmes à eux, de leurs interrogations sur des lectures ou des avis contradictoires, leurs hésitations… C’était parti : un forum de toute petite dimension, mais un forum très riche !

Plusieurs constatations découlent de cette rencontre à bâtons rompus. D’abord, le niveau de mes interlocuteurs, en majorité des sportifs expérimentés (certains d’entre eux figuraient même parmi les médaillés du jour). Les femmes étaient également majoritaires (j’ai voulu croire que c’était pour moi,… mais non, elles discutaient vraiment « boulot » !!!) ; sérieusement, peut-être en raison, mais il y en a surement d’autres, des « maltraitances » qu’elles imposent souvent à leurs pieds, alternant talons hauts et chaussures de sport… Mais surtout, j’ai été agréablement confronté à des personnes qui se posaient de véritables questions sur la pratique de leur sport favori, conscientes des aléas, convaincus que la solution intelligente est dans la prévention de ce type de blessures ou de leur récidive.

Je les ai vu assez déçues quand je leur ai dit que je n’avais ni la science infuse, et encore moins de solutions radicales. Je leur ai bien expliqué que, si elles décidaient d’essayer le pieds nus/minimalisme, il n’était pas question de jeter ses runnings pour continuer leur entraînement le jour même comme la veille, qu’il allait leur falloir des mois de transition pour transférer leurs appuis, leur amorti, changer rien moins que… leur façon de courir. Certains avaient vu les vidéos de Libermann, Stoxen, McDougall… sur youtube. Cela semble tellement facile, quelques minutes sur un tapis de marche. J’ai bien martelé que le pieds nus/minimalisme n’est pas une solution universelle, mais ne requiert pas non plus des qualités physiques particulières.
Tout le monde peut s’y essayer, les principaux échecs sont encore une fois dus largement à une transition trop courte et donc physiquement suicidaire. On y apprend au moins à sentir une course différente, à écouter son corps (et c’est toujours utile…), à percevoir les changements ou non… Et puis après, on juge et on décide. Je répète inlassablement que courir pieds nus n’est ni une tendance (ou alors j’étais un grand précurseur il y a longtemps !!!), ni un art de vivre, ni une chapelle universelle, rien qu’une certaine façon d’utiliser différemment son corps ! Et s’il reste encore une liberté au sportif, c’est quand même bien celle-là.

Mon intention ici, je pense l’avoir introduite en toute objectivité, c’est l’explication, la confrontation des idées, l’échange argumenté… En tous cas, tout ce qui peut apporter un enrichissement mutuel, dans le respect des décisions de chacun, dans l’optimisation de cette activité que nous partageons toutes et tous : la course à pieds (nus, ou habillés au gré de chacun !!) Je n’ai rien à vendre, rien à tester (et pour cause !!), juste une expérience à partager et à discuter,

et si cela peut servir…

La vidéo de l’interview :