e-saga de l’été – Episode 9/15

Résumé de l’épisode précédent : nous avons laissé notre ami Steeve dans une de ces panades ! Voilà qui est bien résumé non ? Ah, on me signale toutefois que sa mère est entrée en action. Au temps pour moi.   

Pendant que Steeve commençait à scruter la toile à la recherche d’une méthode / d’un truc / d’un médicament miracle (rayez la mention inutile, si tant est qu’il y en ait une) qui lui aurait autorisé le mince espoir de courir à la même vitesse que sa Déesse Ailée, pendant ce temps, assez long d’ailleurs, Brad abdominait, développé-couchait, squatait, pressais, bicepsait, tricepsait, tirait, poussait, soulevait … bref, Brad se musclait. En aparté, il eut pu passer pour un intellectuel en affirmant qu’il ne regardait jamais la télé, ce qui était rigoureusement exact, s’il omettait évidemment de préciser qu’il passait ses soirées au FitClubForm et s’il n’ouvrait surtout plus la bouche après le mot télé.

Un observateur sagace aurait pu se demander pourquoi Brad se musclait encore tant il paraissait physiquement impossible de rajouter ne serait-ce que quelques milligrammes de muscles complémentaires sans risquer un éclatement de son enveloppe corporelle. Mais Brad n’avait cure des observateurs sagaces. Brad se musclait parce que le muscle, c’était sa vie, son oeuvre, sa religion. Qui plus est, ce n’était pas n’importe quel muscle, c’était du muscle rapide, capable, lui, de courir à 18km/h. Un observateur un peu curieux pourrait, à ce stade, se demander si ce muscle était un produit 100% bio. La question mériterait sans doute d’être soulevée un jour mais elle nécessiterait un développement un peu long et supposerait des connaissances chimiques que l’auteur ne maîtrise pas.  L’observateur curieux n’aura donc pas de réponse aujourd’hui.

Revenons donc à Brad qui se musclait ou plutôt qui passait sa frustration sur les machines mises à sa disposition, moyennant une modeste cotisation mensuelle de 150 Euros, par FitClubForm. Les pauvres gémissaient tant elles souffraient mais que pouvaient-elles faire contre un Brad à ce point déchaîné ? Quand il pressait 247 kilos, c’était Steeve Profit qu’il écrasait, quand il développé-couchait 156 kilos, c’était Steeve Profit qu’il soulevait dans les airs pour le projeter à l’autre bout de la terre … Brad s’était donc trouvé une sacrée source de motivation exogène. Abandonnons-le un instant, car la musculation, à vrai dire, ce n’est franchement pas passionnant à regarder.

Comme à son habitude, chaque lundi soir, Priscilla s’entraînait avec son amie Sharon. Vous allez sans doute vous dire, pitié, non, pas encore une fille qui court à 18 km/h ! Et bien vous auriez tort, car le lundi soir pour Priscilla, c’était le traditionnel footing de récupération, à une petite vitesse tranquille de 13-14km/h pas plus. Ce qui permettait aux deux amies de discuter tout en courant, ou pour le moins, ce qui permettait à Priscilla de parler, sans risquer d’être contredite puisqu’il faut bien l’avouer, Sharon,  à 110% de sa VMA pendant une heure n’était pas capable d’articuler le moindre son.

La discussion, le monologue, du jour portait bien évidemment sur le double bon tour que Priscilla avait joué en fin de matinée. Et pif pour Brad, qui l’avait franchement mérité, et paf pour Steeve, qui ne l’avait pas encore mérité, mais de manière préventive, ça ne peut pas faire de tort. Priscilla rayonnait. Oubliée la victoire des Dugenoux. C’était qui la meilleure maintenant ? Hein ? C’était qui ? C’était qui ?

Lorsque Sharon eut enfin retrouvé son souffle, vingt bonnes minutes après la fin de la séance, elle ne manqua pas de s’étonner du sort fait à Steeve, ce nouveau voisin de bureau que Priscilla lui avait décrit comme un garçon à l’air sympathique, pas trop mal et sans histoire (tiens, tiens …). « Il était là au mauvais moment, que veux-tu que je te dise ».

FIN DE L’EPISODE

Après cet aimable interlude dans les salles de musculation et les parcs municipaus, le prochain épisode nous  verra retourner évidemment dans la chambre de Steeve …