Santé

Courir après une fracture du tibia et du péroné

Si vous suivez ce site depuis quelques années, vous ne vous en souvenez peut être pas mais il y a presque 9 ans, j’ai subi une double fracture du tibia et du péroné. Je vous rassure ce n’est pas en courant que je me suis fait ça mais à l’entrainement au judo. J’en avais parlé à l’époque sur le site mais il est vrai que je n’ai jamais vraiment fait le bilan de cet accident, les conséquences à court / moyen / long terme et ce que j’ai appris de tout cela. Bien sûr, tout cela est tiré de mon expérience personnelle et ne s’applique sans doute pas aux autres cas.

La fracture du tibia et du péroné

Je me souviens encore de ce vendredi soir de novembre, l’entrainement était presque fini, c’était le dernier randori. Mon partenaire fait un mouvement, je le contre et il s’écroule sur ma jambe. J’entends un bruit de craquement et je tombe sur le sol. Je suis complètement lucide, je préviens mes potes pour moi c’est évident que c’est cassé. Ils appellent les pompiers, j’appelle ma femme au téléphone. Je suis transporté aux urgences de l’hôpital (un grand merci aux ambulanciers pour leur délicatesse ce soir là… non je déconne c’est ironique) et je passe une radiographie. C’est une évidence pour tout le monde c’est une double fracture tibia et péroné. La spécificité de cette fracture, c’est qu’elle est en torsion, le péroné a cassé en haut et le tibia en bas à la limite de la cheville.

Opération ou plâtre ?

Il s’en suit une longue attente car la fracture n’est pas simple. L’interne des urgences n’est pas sûr de la procédure à suivre. L’interne en orthopédie, non plus. Elle décide d’appeler son référent. Nous sommes dans la nuit de vendredi à samedi, il est entre 2 et 3 heures du matin. L’interne revient et m’annonce qu’ils vont m’opérer dès le lendemain matin pour pratiquer une ostéosynthèse du tibia.  Le principe est simple : insérer un clou à l’intérieur du tibia. D’ailleurs vous pouvez admirer une radiographie de ma jambe avec le clou à l’intérieur. C’est une opération assez lourde qui peut durer entre 1h et 1h30. Elle est généralement effectuée sous anesthésie générale. C’est la première grande étape vers la voie de la guérison.

Suites opératoires

Pour ma part, je n’ai pas eu de plâtre, juste une demi-coque pour protéger ma jambe qui avait l’avantage de se retirer facilement pour les soins et la toilette. En plus de ça, quelques médicaments à prendre pendant plusieurs semaines pour lutter contre la douleur. Je suis resté 4 jours en tout à l’hôpital. Un grand merci au personnel du CHU de Nancy pour sa gentillesse et sa disponibilité (non là c’est pas ironique, c’est vrai !). J’était content de sortir, content de rentrer chez moi, de retrouver ma petite famille. Mais la réalité m’a vite rattrapé quand je me suis retrouvé seul, par terre, après avoir glissé en voulant utiliser pour la première fois les béquilles.

Anti-douleurs et kiné

Pendant près de deux mois, ma vie a été rythmé par le passage de l’infirmière pour me faire des piqures afin de m’éviter une phlébite et mes séances chez le kiné. Heureusement, mon kiné se trouvait à 300 mètres de mon appartement et je pouvais m’y rendre « facilement » avec mes béquilles. Je pense que la première fois que j’ai parcouru ces 300 mètres, j’étais plus fatigué qu’après un marathon. En plus d’avoir un kiné à proximité, je suis tombé sur le bon kiné : Kiné mais aussi ostéo, spécialisation dans le sport, spécialisation en post-traumato,… et un kiné consciencieux qui n’avait pas 5 patients en parallèle. En dehors de tout cela, j’avais une vie un peu décousue : je dormais quand je pouvais et j’attendais la prochaine visite chez le chirurgien. Bien sûr, je n’oubliais pas de prendre mes anti-douleurs. D’ailleurs je n’avais pas mal tout allait pour le mieux. Au bout de 3 semaines, j’ai arrêté les anti-douleurs comme prévu et j’ai fait 2 nuits blanches d’affilée… Merci l’accoutumance…

Reprise de la marche

Au bout d’un mois et demi, j’ai l’autorisation de poser le pied par le chirurgien et tout se passe comme prévu. Au bout de 2 mois, je retourne au travail. Après 3 mois de kiné, je passe dans une salle de sport pour continuer la reprise musculaire. J’ai tout de même perdu 8 kilos et 3 centimètres de tour de cuisse. Au bout de 6 mois, je cours un petit peu et je fais un peu de judo.

Seconde opération

Alors que tout va bien, que la vie a repris son cours, les passages chez le chirurgien sont mensuels et permettent de voir l’avancement de la calcification. Il est important de tout suivre par radiographie et ainsi de décider du moment opportun pour faire l’ablation du matériel d’ostéosynthèse. En gros, il faut dévisser et retirer le clou (facile à dire mais toujours sous anésthésie générale). Il parait que cela peut être violent et à coup de marteaux, c’est extrêmement éprouvant pour le chirurgien. A la suite de cette dernière opération, encore des piqures, encore des anti-douleurs et encore 2 nuits blanches à la fin des anti-douleurs…

Bilan

Avec le recul, ce n’est pas une mauvaise expérience, bien sûr il est préférable de s’en passer. Les séquelles sont minimes : quelques cicatrices et une bosse au niveau du tibia au niveau de la calcification de l’os. Mais il faut être positif : j’ai pu refaire des compétitions de judo, j’ai fait des marathons et des triathlons. Je n’ai aucune gêne physique notoire des suites de cet accident. Cela fait sans doute partie des épreuves de la vie qui nous font apprendre, qui nous font nous relever plus grand après être tombé. Je ne me plains pas, tout c’est bien passé et j’ai la chance de n’avoir eu aucune complication, ce n’est sans doute pas le cas de tous… chaque fracture est différente. Il m’aura tout de même fallu 18 mois pour refaire du sport normalement.

En espérant que le récit de cette expérience pourra être utile à quelqu’un…