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Laurent, son Marathon Des Sables, ses Hoka, ses Mulebar et ses conseils

julie


 

Laurent RAYMOND, un des rédacteurs de l’équipe de wanarun, revient du Marathon Des Sables. Il nous raconte son expérience.

Julie-wanarun : Bonjour Laurent, peux-tu te présenter pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?
Laurent : J’ai 43 ans, Dirigeant d’un établissement Médico-social, Rochelais d’origine je vis désormais à Tours en Région Centre. La course à pied fait partie de mon quotidien depuis 7 ans, elle représente entre 40 et 70km par semaine, une hernie discale me contraint désormais à l’endurance et j’adore !!
Je ne cours jamais sans plaisir, souvent égoïstement …..
Je me suis régalé sur plusieurs ultras de plus de 80km, quelques marathons, plusieurs semi-marathons, diverses courses petites distances et « nature », deux participations au Marathon Des Sables et une aux 100 km de Millau !!
J’aime les gadgets et l’innovation, je suis gourmand et la nutrition me passionne.

Julie-wanarun : Comment gères tu tous ces entrainements avec ta vie de famille ?
Laurent : C’est compliqué et simple à la fois. Je m’explique, la pratique de l’ultra passe en ce qui me concerne par du quantitatif et là ca devient chronophage. Pour limiter l’impact de l’entraînement sur la famille je programme la majorité de mes sorties le matin avant que la famille se réveille (5h), le soir quand les enfants vont se coucher (21h) et de temps en temps entre midi et deux. Seul le dimanche matin et réellement un dilemme mais quelques fois mes gars me suivent en vélo.

Julie-wanarun : Est-ce que c’est la première fois que tu participes au Marathon Des Sables ?
Laurent : C’était ma 2ème participation.  J’y ai participé pour la 1ère fois l’année dernière pour le 25eme anniversaire de la course.

Julie-wanarun : Pourquoi avoir remis ça ? Qu’est ce que tu aimes tant au Marathon Des Sables ?
Laurent : Il y a deux raisons principales :
j’ai souffert l’an dernier d’un décollement du derme à chaque pied et ce dés la 4ème étape. En dehors de la souffrance j’ai surtout été frustré de ne pouvoir courir normalement jusqu’au bout. La course c’est transformée en chemin de croix, en claudiquant, une belle expérience pour tester mes limites, mais un mauvais trip en tant que coureur. Il me fallait donc revenir, en ayant au préalable pris mes précautions dans le traitement de mes pieds, pour vivre la course pleinement.
– la deuxième raison est idéologique. Je souhaitais sortir de concept égoïste de la course à pieds et m’engager pour une cause qui m’est importante. Combattre la Maladie de Charcot (sclérose latérale amiotrofique) et courir pour les personnes qui en souffrent. Porter les couleurs du Team Papillon de Charcot fut un plaisir tout comme partager ces instants avec des coéquipiers formidables.

Julie-wanarun : Peux-tu nous rappeler quelles sont les spécificités du Marathon Des Sables ?
Laurent : Le MDS se déroule traditionnellement dans le sud marocain. C’est une course de 6 étapes réalisées en 7 jours sur 250km environ. Le kilométrage augmente progressivement les 3 premiers jours (de 30 à 40 km) jusqu’à dépasser les 80km lors de la 4eme étape dite étape longue qui de fait en partie de nuit. La 5eme étape est celle du Marathon (42,195km pour ceux qui ont oublié) et enfin le dernier jour pour le fun d’une 20aine de km.
Cette course se déroule en auto-suffisance complète. C’est à dire que chaque coureur doit participer à l’épreuve, du départ du 1er jour à l’arrivée du dernier jour, sans aucune assistance. Chacun transportant tout ce qu’il lui semble nécessaire
ainsi que ce qui est obligatoire. Le poids du sac variant donc selon ce qui semble nécessaire à chacun. Quantité et qualité de l’alimentation, hygiène, change, couchage…. Enfin bref suivant l’importance qu’on donne à l’aventure et le résultat envisagé. Il faut avoir à l’esprit que plus on privilégie le confort, plus le sac est lourd. Plus le sac est lourd moins on court vite, plus on se fatigue, moins bien on récupère, donc le lendemain c’est plus dur et il faut tenir 7 jours …. Tout est dans le juste milieu, le bon compromis. Suffisamment de nourriture pour bien s’alimenter avant, pendant et après la course et un minimum de confort pour bien récupérer.
A noter que seule l’eau est fournie par l’organisation à raison d’une moyenne de 12 litres par jour, repartis sur toute la journée. Pour le couchage l’organisation prévoit aussi des tentes berbères. Un tapis au sol et une toile en feutre noire maintenue par des bâtons. Ce « confort » rudimentaire est très agréable quand on vient de passer la journée dans la fournaise. La tente qui est ouverte au vent, rend supportable les odeurs dés le premier jour de course !!!

Julie-wanarun : comment tu as géré ton hydratation, ton alimentation et ton sommeil ?
Laurent :
Lors d’une épreuve comme le MDS l’hydratation est capitale. Combiné à une prise de sel (20gr par jour pour éviter la déshydratation) je buvais régulièrement environ deux grosses gorgées toutes les 5min. J’avais 2 bidons, un d’eau et l’autre dans lequel j’alterné entre des boissons de l’effort sucrées et salées.
Pour mon alimentation, essentiellement lyophilisée, je prenais deux repas par jour. Un petit-déjeuner maison (crèmes de riz, d’avoine et d’orge, poudre d’amande, muesli, lait de soja) et un repas calorique le soir. Grace à Ariane de chez liophilise.fr je me suis vraiment fait plaisir : poulet thaï au curry, ragout de boeuf à la bière, coq au vin … Un vrai régal. A l’arrivée de chaque étape je prenais aussi une petite collation plaisir : de la viande séchée.
Pendant la course, en complément des boissons je consommais des Mulebar. A raison de 4 à 6 par étape c’était un bon et délicieux apport énergétique et ça m’a permis de tenir les 6/8h de course en moyenne (18h pour la longue). Cette année je suis parti avec plus de 17.000kcal pour 4,6kg de nourriture.

Julie- wanarun : Comment étais-tu équipé ?
Laurent : Pour l’équipement c’est simple j’ai porté la même chose du 1er au dernier jour ! N’oublie pas, on porte tout notre équipement, alors imagine le poids du sac s’il fallait prévoir un change quotidien.
Sur la tête une casquette type saharienne, un T-shirt aux couleurs de mon équipe avec les logos de nos partenaires financiers et équipementiers, un cuissard de compression et des manchons (très sympa pour le bronzage dans le genre cycliste), chaussettes de runing (une veille paire dans laquelle je me sens bien) et aux pieds mes Mafate de chez Hoka recouverte par une paire de guêtres pour se protéger du sable. Aucun regret sur mon équipement, là aussi l’expérience aide bien. Un point extrêmement positif pour les chaussures. Les semelles épaisses, outre le fait d’améliorer mes appuis, m’ont permis de ne pas ressentir les cailloux et surtout de ne pas subir la chaleur rayonnante de sol.

Julie-wanarun : As-tu un entraineur, comment prépare-t’on une épreuve comme le Marathon Des Sables ?
Laurent : Je n’ai pas d’entraineur, c’est aussi pourquoi j’ai des résultats médiocres. Mes plans d’entraînement reposent sur mes expériences, mes lectures et les exemples des copains. J’organise à ma sauce, je commets des erreurs, je corrige, j’adapte. Je prends en compte mes sensations et le plaisir prime toujours sur la douleur. Dans les 12 semaines qui précédent la course je sors au minimum 4x par semaine et 5 à 6x maxi selon la météo. Les grosses semaines avoisinent les 80km. A cause d’une hernie discale je ne fais jamais de fractionné, en revanche j’alterne séances d’endurance et de seuil long (1h maxi).

Julie-wanarun: Peux-tu nous expliquer, techniquement, si c’est difficile de courir dans le sable, au niveau de la foulée par exemple et comment on peut s’y préparer ?
Laurent : Dans le sable la foulée n’est plus la même. Les appuis fuient, glissent. Et plus on est dans le peloton, plus le sable est mou !
Mes chaussures (hoka mafate) m’ont apportées une meilleure portance et chaque fois que c’était possible je m’écartais des traces pour trouver du sable dur.  Je n’ai fait aucune préparation particulière dans le sable cette année. Juste quelques sorties sur la neige cet hiver, les appuis sont un peu similaires (la chaleur en moins).

Julie-wanarun : As-tu perdu du poids ?
Laurent : J’ai perdu 6kg l’année dernière  et un peu moins de 3kg cette année. J’explique cette différence essentiellement par une meilleure gestion de mon alimentation et de mes apports énergétiques.

Julie-wanarun:  ton meilleur souvenir ?
Laurent : L’étape de nuit 82 Km après 3 jours de course…. Il faut gérer la faim, la chaleur de la journée, le froid de la nuit et l’épuisement sans oublier les douleurs progressent petit à petit. La nuit on peut se perdre car nous n’avons que notre frontale, on fixe les repères installés par l’organisation et se rassure en suivant les traces de ceux qui nous précédent.
J’aime cette étape car la nuit le désert nous appartient, on ne voit pas plus loin que le bout de nos baskets du coup on se vide la tête, c’est un vrai moment d’introspection totale…Les émotions sont exacerbées…. Le ciel étoilé est magnifique !

Julie-wanarun : Ton pire souvenir ?
Laurent : Je n’en ai pas. Ou alors le dernier jour, le retour en bus vers Ouarzazate après le passage de la ligne d’arrivée.  On oublie vite les moments difficiles au profit des meilleurs souvenirs et là la nostalgie nous gagne.

Julie-wanarun: Quels sont tes prochains objectifs ?
Laurent : Un 24h fin mai, le Raid du Morbihan en juin, la CCC fin aout. Puis mon rêve pour 2012, apprendre à nager correctement et participer à un Ironman !

Julie-wanarun : Veux-tu ajouter quelque chose ?
Laurent : Mon adage : « Ce n’est pas parce que c’est dur qu’on le fait pas, mais parce qu’on ne le fait pas que ça parait difficile ! »

7 commentaires sur “Laurent, son Marathon Des Sables, ses Hoka, ses Mulebar et ses conseils”


Posté par marechal Le 26 avril 2011 à 16:58

eh bien mon lolo, quelle aventure…
tes mots sonnent juste et pourtant il faut le vivre pour vraiment s impregner de ce qu’est le desert
on devrait apprendre dans les ecoles d athlé ou de course à pieds le lolo de tours tellement tu es le symbole d humilité et de simplicite mais il faut rajouter aussi de force meme si elle est tranquille et aussi de pugnacite.
j espere que tu auras envi de reconduire en 2012, on ne sait jamais
bon vent

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Posté par Coco Le 26 avril 2011 à 18:00

Je suis contente que ta passion te rende si heureux . Ça m’impressione toujours de voir des athlètes souffrir avec tant de plaisir!

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Posté par frank Le 26 avril 2011 à 21:22

Salut Laurent,

Tres bel interview, humilité, sérénité. Très fier d’avoir été ton binôme. Encore merci à toi de m’avoir fait vivre notamment durant « la longue » ces moments d’une telle intensité. Merci aussi pour tous tes conseils et de ta présence qui font que ce MDS restera pour moi comme une formidable aventure humaine. Quand à tes Hoka, je ne crois pas qu’il existe quelqu’un qui en connaisse mieux la partie arrière que moi….:)

Frank

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Posté par Laurent Le 26 avril 2011 à 21:40

Snifffff !

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Posté par Aurel Le 28 avril 2011 à 14:26

On parle de sclérose latérale amyotrophique.

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Posté par Cyrille Le 9 mai 2011 à 10:46

Bonjour Laurent,

Super, respect,

Fait le MDS en 2005, plus de 30 marathons et 2 IRONMAN,

Mail : ironman54@numericable.fr

Si tu veux des petits conseils, pas de PRB.

Cyrille

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Posté par teguinou1 Le 28 août 2014 à 14:58

Salut Laurent,
Je lis tardivement ton C.R. Chapeau pour ton Marathon des Sables !

Dans celui-ci tu précises que tu as souffert d’une hernie discale…
Souffrant depuis 4 mois de ce même maux (L5-S1), j’ai dû cesser la CAP.

J’aurai, bien-sûr, quelques questions à te poser :
As-tu souffert d’une hernie des lombaires, cervicales… ?
Durant combien de temps, es-tu resté sans courir ? Combien de mois de souffrance ?
La douleur est-elle présente encore de temps en temps ?
Tu as cessé le fractionné, mais qu’as-tu encore supprimé dans tes entrainements ?

D’avance, merci. Thierry

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