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Guadarun 2012 : Compte-rendu et photos

remy


 

Le Guadarun, comme nulle part ailleurs…

Au début du mois d’avril, les participants à la 13e édition du Guadarun ont traversé de part en part les six îles de l’archipel Guadeloupéen aux doux noms évocateurs comme la Désirade, les Saintes, Marie-Galante… Ils ont franchi des rivières, galopé dans des forêts, couru sur le sable, les plages, les routes, dormi en bivouac. Et ils en garderont un souvenir inoubliable.

S’il ne devait rester que deux images de cette 13e édition du Guadarun, ce serait d’abord celle des deux Antillais Fred Lengrai (Guadeloupéen) et Stelve Ramanick (Martiniquais) terminant la dernière étape main dans la main ; ce serait ensuite celle de la folle soirée de clôture au cours de laquelle tous les participants se sont retrouvés pour oublier les fatigues et se laver corps et esprits avant de retrouver le quotidien.
Deux images fortes pour résumer ce qu’est ce trail guadeloupéen où la convivialité, le dévouement, l’entraide et la solidarité prennent le pas sur la performance pure et dure.
Pour une fois, terminer main dans la main, côte à côte, est une expression qui prend tout son sens. Sans d’arrière pensée, sans calcul.
Avant le départ de cette sixième étape Fred Lengrai comptait encore 3’40’’ d’avance sur Stelve Ramanick. A mi-chemin des 33 kilomètres courus sous l’étouffante chaleur entre Le Moule et Saint-François, Lengrai défaille. Il ne veut plus aller au delà de ses forces. Ramanick est là. Il pourrait s’enfuir, partir à la conquête du succès. Il parle à son copain, l’exhorte à ne pas baisser la tête, le rassure. « Je te ramène à l’arrivée », lui glisse-t-il à l’oreille.
Quelques kilomètres plus loin, Lengrai ne manquera pas de remercier « le grand champion » qu’est Stelve Ramanick. « Sans lui, je ne serais pas arrivé. » Et Ramanick aurait gagné…
Cette solidarité a conduit Lucien Datil, organisateur-coureur, à parler de « réussite exceptionnelle » pour cette édition guadeloupéenne. «Je suis extrêmement satisfait de voir l’entente cordiale qu’il y a eu entre les potentiels vainqueurs. Ce sont des compétiteurs qui se tirent la bourre mais toujours de manière amicale. Et, surtout, lors de la dernière étape, malgré l’écart infime, quand le leader a connu une défaillance, son dauphin l’a attendu, c’est extraordinaire. C’est le symbole fort de ce Guadarun. Voir que la convivialité prime sur la compétition. C’est un état d’esprit qui existe depuis l’origine de cette course et c’est pour ça qu’il n’y aura jamais de récompense numéraire dans cette épreuve. »
Une course qui a également ravi ceux qui n’étaient venus pour la gagne, juste avec l’envie de se découvrir, se lancer des défis, confirmer leurs envies. Stéphane Lorre, Français venu de Washington, fait partie de ceux-là. Il est venu, il a vu, il n’a pas été déçu.
« Tout correspond à nos attentes. C’est dur, technique, varié, il fait chaud, on passe de la jungle à la plage, mais il y a une superbe organisation qui gomme tous les petits désagréments. C’est une course que je recommande à tous ceux qui ont un minimum d’entraînement et qui veulent découvrir la Guadeloupe vraiment de l’intérieur. »
Même réflexion du côté de Laurent GIllard. Directeur de VO2 max Voyages, il a lui aussi couru. Parce que, dit-il, « pour bien comprendre et partager, il faut vibrer de la même façon que les coureurs ». Même s’il a bourlingué à travers le monde, il parle d’une « ambiance différente d’ailleurs » et d’une des « meilleurs façons de découvrir l’archipel guadeloupéen en étant en immersion totale ».
Guy Farget, retraité stéphanois, n’a rien raté de la course depuis dix ans. Il fait presque partie de la famille. Il a vécu la montée en puissance de cette épreuve. « Chaque année, c’est une aventure fabuleuse. On rencontre des gens inconnus et on est tous amis quand on se quitte. » Lui aussi estime que « la performance c’est bien, mais il y a autre chose que ça sur cette course ».
L’Alsacien Sylvain Blin Ancel, qui écume les courses avec succès depuis de nombreuses années et grand animateur de celle-ci, n’avait pas perdu son sourire à l’arrivée, principalement grâce à l’ambiance qui avait régné. « Le niveau était très élevé et être le premier non antillais me satisfait pleinement. J’ai essayé de les attaquer chez eux, mais ça n’a pas marché. Je suis quand même satisfait parce que nous avons tous vécu une très belle aventure. »
Vivant actuellement en Autriche, Laetitia Pibis avait également fait le long voyage pour se plonger dans cette ambiance incomparable. Elle a profité de sa forme actuelle pour remporter les… six étapes au programme et, forcément, s’adjuger la victoire finale.
« Je suis vraiment surprise parce que je ne savais pas du tout ce que je valais en trail. Je suis plutôt une triathlète et sur les parcours techniques, je ne savais pas si j’allais faire le poids. Mais bon, au départ, j’étais venue pour prendre du plaisir et participer à une épreuve unique. C’est réussi ! »
« L’autrichienne » a également salué « une expérience logistique et humaine hors du commun » qui lui a permis de découvrir un autre aspect de la course. «Je crois que le plus important pour réaliser des performances, est qu’il ne faut pas regarder sa Polar en permanence. Il faut se fier à ses impressions, ses sensations, regarder autour de soi. Et ici, c’était tellement magnifique et magique, qu’on en a pris plein les yeux. Ce qui est certain, c’est que, grâce au Guadarun, je vais certainement basculer dans un autre univers. Sans délaisser le triathlon, je vais commencer à m’intéresser aux épreuves en pleine nature. »
Toutes ces impressions, toutes ces sensations, tous ces moments magiques vécus par les coureurs, n’ont qu’une origine : le Guadarun, une épreuve vraiment unique, comme on n’en trouve nulle part ailleurs…
Hervé Colin

ENCADRÉ
Dunes d’espoir
Plutôt habituées- à des courses dans le désert, l’association Dunes d’espoir avait choisi cette année la Guadeloupe comme « terrain de jeu ». Cette association s’est donnée pour but de permettre à de jeunes handicapés de découvrir des lieux malheureusement inaccessibles pour eux en temps ordinaire.
C’est ainsi que, durant six jours, les jeunes Inès, Morgane, Gaspard et Joanathan, ont (grâce à leurs accompagnants), à bord d’une « joëlette » – qui est une espèce de chaise roulante à une roue, tirée, portée, tractée par des adultes valides – écumé les sentiers du Guadarun et offert une grande et belle leçon de courage. Pour eux aussi, le Guadarun de l’espoir c’était ici et nulle part ailleurs…

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